tous les jours commencent pareils

Tous les jours commencent pareils. Les premières lueurs du jour se posaient sur le visage endormi d'Iekaterina et finissaient par doucement la réveiller. Et grâce au système météorologique de la ville parfaitement régulé, le soleil était le réveil naturel de la jeune femme.

Elle s'étira, les yeux encore fermés, puis repoussa la couverture avant de détendre totallement ses membres. Elle se leva enfin, et dans un rituel organisé, se lava avec l'eau froide qu'elle avait préparé la veille dans un seau. Elle enfila la jupe noire habituel et un pull léger, noir aussi. Les vêtements étaient vieux, mais propres. Rina avisa un trou et programma mentalement de le recommoder en même temps que les trois ou quatres vêtemements des enfants.

Son lit était fait, la maison était encore silencieuse... Mais comme à chaque fois, elle passa la tête dans l'embrassure des dortoirs... Les filles dormaient à poings fermés, les garçons aussi et comme d'habitude Julian avait la tête dans le sens opposé à son lit, ce qui amena un fin sourire au regard trop souvent impassible de la douce Rina.

Elle regagna le refectoire, qui servait aussi de salle commune et de salle d'étude. Elle installa les bols, les couverts en bout de table pour que les enfants se servent en arrivant. C'était un jour exceptionnel aujourd'hui, elle avait réussi à obtenir du lait. Tout le monde allait pouvoir prendre un vrai petit déjeuner... cela aurait été encore mieux si elle avait pu acheter du pain frais, mais il devrait se contenter de pain dur... peut-être devrait-elle essayer de le faire elle-même, cela lui prendrait du temps, mais au moins il y en aurait...

Enfin tout était prêt, et il lui restait encore cinq minutes avant de réveiller tout le petit monde... comme d'habitude, elle en profita pour aller s'asseoir sur le perron de l'orphelinat. Tout les matins, elle s'asseyait là quelques minutes, et son regard suivait l'animation du matin, les hommes en retard à leur travail, les femmes qui ouvraient les fenêtres pour aérer, les premiers commerçants à ouvrir...

Tôt ce matin là on avait Gabriel avait été réveillé par le dictaphone de son appartement. Qui pouvait bien lui rendre visite à cette heure-ci ?

Il s'était donc levé à moitié endormi et avait répondu à l'appel. C'était Joey, son pote de 7 ans et demi qu'il voyait fréquemment à la piscine. Il sanglotait et il ne parvenait pas à déchiffrer ce qu'il lui disait entre deux grésillements.
Il entreprit d'enfiler rapidement un sweat, puis parti dans le hall d'entrée du bâtiment pour le retrouver.

Il avait le dos recourbé, ses yeux étaient tout rouges et tout enflés. Il avait pour simple vêtements un t-shirt qui était trempé, pourtant il ne pleuvait pas ce matin là.

"Hey Joey qu'est-ce que tu fais-là ?" demanda t-il en le prenant dans ses bras. Il n'arrivait pas à marcher et l'ascenseur était en panne.

Il l'emmena jusqu'à son appartement où il lui apporta une couverture dans laquelle il lui enveloppa.

Plusieurs longues minutes, abasourdi parce qu'il venait d'apprendre, Gabriel alla se changer, se disant que ce qu'il allait faire était encore le mieux pour le petit garçon.

Les sanglots s'étaient calmés pour le moment. Tous deux avaient prit le métro pour se diriger vers la zone extérieur sud et Gabriel ne l'avait pas lâché de la main.

Enfin ils arrivaient vers cet édifice qui dégageait une image pas le moins du monde attirante.
Le petit garçon avait enfilé un t-shirt de Gabriel bien trop grand mais qui au moins avait le mérite d'être sec.

Tenant toujours le petit garçon par la main il s'arrêta devant le perron. Expirant un bon coup il lui jeta un oeil, ce moment allait sûrement changer sa vie. Il se décida enfin à frapper trois coups secs à la porte et a attendre que quelqu'un leur ouvre.

Depuis plusieurs minutes le regard de Rina suivait un chat qui traversait tranquillement la rue. Il longeait les murs, s'arrêta un instant pour renifler quelques choses, puis repartit tranquillement en évitant une flaque d'eau. Mais soudain il s'éclipsa en vitesse, ce qui alerta la jeune femme qui tourna la tête et aperçu alors un homme accompagné d'un enfant de 6 ou 7 ans tout au plus devant la porte de l'orphelinat. Elle devina sans peine la situation... Ce n'était pas la première fois que cette situation se produisait, c'était même de plus en plus fréquent.

Elle se leva, alla rejoindre les deux personnes devant l'entré principale. Elle fit un petit sourire à l'enfant, puis ouvrit la porte, entra et fit un geste pour inviter l'homme à rentrer. Mais elle était un peu ennuyé, Florian, le directeur n'était pas là, ni Marie, la jeune institutrice. Cela allait compliqué les choses... Elle hésita un instant, lança un regard vers les deux personnes puis les abandonna là pour aller chercher son sac dans lequel elle rangeait l'ardoise qui l'aidait à se faire comprendre.

Mais elle ne revint pas tout de suite dans le réfectoire où ils patientaient, elle alla réveiller les deux plus grands de chaque dortoir et leur donna comme consigne, d'un simple geste sur l'ensemble de la pièce, de réveiller les autres et de se préparer.

Enfin plusieurs longues minutes après elle redescendit, et se planta devant Gabriel. Elle n'utlisait l'écriture qu'en dernier recours, elle détestait cela. Souvent les personnes qui ne la connaissaient pas s'impatientaient et s'expliquaient d'eux-même. Et puis les responsables de l'orphelinat ne devraient pas tarder, de toute façon elle n'avait pas autorité pour accepter l'enfant.

Enfin on lui ouvrit. C'était une jeune femme, certainement mineure, une certaine pureté dégageait d'elle. Certainement sa chevelure blonde sur laquelle reflétaient les rayons du soleil.

Il esquissa un bref sourire et lorsqu'elle les invita à rentrer il entraina de la main Joey vers le hall d'entrée.

A cette heure-ci le logement semblé désert. La fille qui les avait acceuillis s'éclipsa sans rien dire. Peut-être muette s'était t-il dit alors. Elle ne semblait pas être la directrice, certainement qu'elle les appellerait.

Mais quelques minutes plus tard alors que Joey s'était blottis contre lui la jeune femme revint toute seule.
Elle se planta devant eux sans décocher un mot. Il avait certainement vu juste.

Comment expliquer la situation devant le gamin...

"Bonjour. Je me nomme Gabriel Vaughn. Et ça c'est mon ami Joey.
...Sa maman à ...à disparu, et il n'a nul part où aller."

Il avait hésité à dire que sa mère avait été retrouvée morte assassinée dans les bas fonds de la Cité, c'était sa seule famille. Le gamin avait été suffisamment traumatisé jusqu'ici.
Qu'allait-il advenir de lui maintenant ?

Le petit était collé à l'homme qui semblait mal à l'aise. Le visage de Rina restait plutôt impassible même si ses yeux passèrent plusieurs fois entre les deux puis se fixèrent sur le petit, et se firent plus tendre.

Enfin l'homme parla et ses yeux repasèrent vers lui. Une lueur de tristesse passa alors que les mots se faisaient hésitants chez son interlocuteur. Elle savait ce qui pouvait se passer, elle avait déjà entendu des dizaines d'enfants en pleurs, consolé de nombreux cauchemars. L'homme ne lui apporté pas beaucoup de renseignement, mais elle saisit son regard se porter sur l'enfant. Il ne devait probablement pas vouloir parler devant lui.

Elle resta planté là quelques secondes, eu un mouvement de surprise puis de légère impatience lorsqu'elle entendit de grands éclats de bruit à l'étage. Elle abandonna de nouveau l'enfant, puis remonta à l'étage. Sa seule présence ramena un peu le calme parmis les filles qui se chamaillaient. Elle prit avec elle une des plus âgé qui était prête, lui fit signe de la suivre puis en passant dans le réfectoire, elle lui montra le petit déjeuner puis lui indiqua l'enfant.

N'importe quel inconnue se serait retrouvé perdu devant ses signes rapides et peu expansifs, mais tous les enfants de l'orphelinat les connaissaient, repéraient des signeaux, des gestes bien particuliés. D'ailleurs une sorte de langage des signes s'était mis en place dans l'orphelinat, même si le directeur le désapprouvait.

Rina rejoignit les deux invités, et se concentra uniquement sur le petit. Elle se baissa à sa hauteur, plongea son regard rassurant dans le sien, et lui fit un doux sourire, puis elle prit sa petite main et l'ammena jusqu'à la grande fille qui alors le prit en charge et commença à lui parler tranquillement tout en lui servant un bol de lait.

Rina après s'être assuré que tout se passait bien pour le petit rapporta son attention sur l'homme. Elle posa sa main sur son épaule pour l'inviter à la suivre à l'extérieur. En passant elle prit son sac qu'elle avait poser. Enfin ils se retrouvèrent à l'extérieur, et comme un peu plus tôt elle se planta devant l'homme attendant qu'il reprenne la parole.

La jeune femme n'avait d'yeux que pour le petit. D'une certaine façon il sentait qu'il serait entre de bonne main ici. Elle semblait être attentionée même si peu bavarde.

Elle s'eclipsa une fois encore lorsqu'un brouhaha dégénéra en haut.
Gabriel se retourna alors vers Joey pour s'assurer qu'il n'allait pas trop mal puis passa une main sur ses cheveux.

Par la suite l'inconnue qui les avait acceuillis revint et emporta avec elle Joey sans explications.
Il la laissa faire puis lorsqu'elle l'invita à aller dehors avec elle il s'exécuta.

Elle semblait décidée à l'écouter une nouvelle fois, maintenant que les oreilles de Joey n'entendrait pas cela.

"Voilà...
Ce matin Joey est venu chez moi. Je ne sais comment il à retrouvé mon adresse, nous nous connaissons car tous les samedis on joue ensemble à la piscine.

Je me suis renseigné. Sa mère à été retrouvée morte hier soir dans les bas fonds de la cité. De ce que je sais il s'agissait déjà de la mère adoptive de Joey. Elle l'a adopté peu après sa naissance. C'était sa seule famille.

Que va t-il advenir de lui Mademoiselle ? Est-ce que vous avez une place pour lui ?" Il ne savait pas réellement comment il fallait s'y prendre dans une situation pareille. Lui n'avait jamais voulu aller à l'orphelinat.

Rina écouta l'homme lui donner d'avantages d'explication, toujours avec le même visage impassible. Sans ce regard de tristesse dans ses yeux, elle serait apparu comme totallement indifférente au discours de son interlocuteur. Elle resta là stoïque quelques secondes lorsqu'il finit ses explications. Elle savait qu'il ne restait plus vraiment de place, les enfants étaient déjà en surnombre, mais il était toujours possible de rajouter des lits de camps faute de mieux, comme ils l'avaient déjà fait auparavant, mais ce n'était pas à elle de prendre les décisions.

Et puis, le petit Joey n'aurait peut-être pas besoin de finir dans cet orphelinat où les perspectives d'avenir étaient nuls. Les enfants n'allaient pas dans les universités thaumaturges ou technlogues, ils recevaient un enseignement minimal à l'institution même. Une fois entré à l'orphelinat, il aurait très peu de chance de s'en sortir, les familles adoptantes préféraient les petits qui arrivaient directement de l'extérieur...

Elle eu un moment d'hésitation, puis ouvrit son sac et en sortit l'ardoise. Elle se tourna pour écrire, elle ne supportait pas qu'on puisse voir combien elle avait du mal à écrire. Une fois l'ardoise sortit et le morceau de craie dans la main, elle hésita plusieurs secondes, visualisant dans sa tête le mot qu'elle voulait écrire. Puis avec un maximum de concentration qui pouvait se lire sur son visage, et la main légèrement tremblante à l'idée que l'homme puisse la regarder, elle parvint à écrire : "écol ? " Lorsque les enfants étaient déjà bien pris en charge dans le cursus scolaire, il était plus facile de trouver un enseignant prêt à le garder quelques années ou au pire une place dans un foyer avec des enfants plus âgés.

Enfin elle se retourna vers l'homme et lui montra la tablette, accompagnant son geste d'un regard interrogateur.

La jeune fille semblait totalement impassible à ce qu'il racontait. Il nétait pas bien étonné elle avait du en entende de belle ici, voire en avoir subit elle même.

Elle sortit alors une ardoise d'un sac. Il se demandait qu'est-ce qu'elle allait bien en faire. Elle se tourna un instant, le seul bruit de la craie lui indiqua qu'elle y inscrivait quelque chose. Pauvre fille se disait-il.

Enfin lorsque d'un mouvement un peu timide elle se résigna à lui montrer l'ardoise il comprit. Ecol? Elle devait surement entendre par là si Joey était scolarise. Il ne savait pas grand chose de lui mais suffisament pour répondre à cela.

"Oui oui, il est scolarisé, il suit le cursus normal à la Jeunesse Municipale. Il à 7 ans et demi." dit-il simplement. Ici les enfants n'allaient certainement pas à l'école. Un mauvais sentiment d'impuissance et de culpabilité s'emparait de lui.

Ce même regard de pitié toujours posé sur elle. Un vague mouvement de rage la saisit, puis s'effaça aussi vite qu'il était venu. A quoi bon s'en soucier... Ses yeux furieux revinrent en une fraction de seconde aussi lisses que la surface d'un lac.

Rina resta impassible tandis qu'elle réfléchissait à ce qu'il venait de dire. Elle avait oublié que les pensionnats ne commençaient qu'un peu plus tard, elle n'était pas très au fait du "chemin" scolaire traditionnel... Cela voulait dire que l'enfant devait trouver une famille, c'était obligatoire, ou venir ici, mais dans ce cas là, il lui serait quasiment impossible de revenir dans le système classique...

Elle reprit la tablette, effaça ce qu'elle venait d'écrire, puis recommençait le même manège et se retourna. Elle avait plusieurs questions qui lui venaient à l'esprit, semblait hésité, inscrivit quelques lettres, les effaça, et abandonna... Le directeur se chargerait de lui demander. Mais il y en avait pourtant une dernière solution. De nouveau, elle se concentra sur la plaque d'ardoise et y inscrivit d'une écriture maladroite et enfantine : "vous ? "

Au moment où elle tendait l'ardoise à l'homme, une des filles vint la chercher.
" Rina, Sarah ne veut pas que Raphaël la descende, elle veut que ce soit toi " insista la jeune fille. De nouveau Rina planta là l'homme, rentra dans la maison laissant la porte ouverte pour l'inviter à s'installer à l'intérieur. Puis elle monta à l'étage pour rejoindre la petite Sarah. Celle-ci avait 12 ans et était handicapée, elle ne pouvait pas marché ce qui imposé de la monté et de la descendre matin et soir. D'oridnaire, Raphaël, un des plus grand des garçons s'en chargeait, mais de plus en plus souvent Sarah refusait, et Rina en avait deviné parfaitement les raisons : le jeune adoloescente était tombé sous le charme de Raphaël et trouvait particulièrement humiliant d'être porté par lui.

Elle rejoingnit la jeune fille, la prit dans ses bras le mieux qu'elle le but et descendit les escaliers le mieux qu'elle pu. Sarah avait grandi et Rina avait de plus en plus de mal à s'en charger mais qu'importe... Elle manqua de rater les dernières marches mais n'en laissa rien paraître et déposa avec douceur la petite fille sur le banc de la salle à manger. Elle lui fit un petit sourire avant de rejoindre l'homme venu ammener le garçonnet.

De façon maladroite elle inscrivit une nouvelle fois à la crée quelque chose sur son ardoise qui apparement était son seul moyen de communication. *moi ? Moi quoi ?* s'intérogea t-il.

Une nouvelle fois la jeune femme le planta là. Une fille lui demandait son aide. Elle ne semblait pas être la directice et pourtant elle paraissait avoir plein de responsabilités dans cet orphelinat. Une sorte de tutrice surement ?
Alors qu'elle l'avait laissé là Gabriel réfléchissait à ce qu'il pourrait bien lui répondre.

Il se doutait de toutes façons que toutes les excuses ne justifieraient pas le fait qu'ils ne puissent pas s'occuper du garçon. Mais avec la résistance et son envie d'aller à l'extérieur il ne pouvait se permettre de faire subir ça au garçon. Si jamais il lui arrivait quelque chose il se retrouverai une nouvelle fois seul.

Enfin la jeune femme aux cheveux d'anges revint. Sans perdre de temps il lui expliqua:

"Je sais que cela ne m'excuse sûrement pas, mais je ne peux pas m'occuper de Joey. C'est à peine si j'arrive à m'occuper de moi. Je le connais à peine. Mon travail me prend toutes mes journées et je n'y connais rien à la vie de famille. Et...disons que certaines de mes activités pourrait causer préjudice au garçon.” Il se sentait totalement stupide. Mais non, il ne pouvait pas.

"Je ne sais pas. Vous n'avez vraiment pas de place pour lui ? Je suis prêt à venir le voir aussi souvent que je peux. Je peux même financer une partie des besoins. Me rendre utile à l'orphelinat. Mais pour ce qui est de le garder je ne peux vraiment pas.”

L'air commençait à se faire vraiment frais à l'extérieur. Il avait fourré ses mains dans les poches de sa veste en cuir. Il la regardait dans les yeux afin de sentir quelquechose en elle. Une réponse...

L'homme n'avait pas semblé avoir compris son invitation à rentrer pendant qu'elle s'occupait de Sarah puisqu'il était resté dehors. Elle remarqua qu'il semblait avoir froid tandit qu'il tentait de se justifier. Nul jugement, nul condamnation ne se trahit dans les yeux bleux de la jeune muette, mais il n'y eu pas plus de compassion ou de compréhension. Elle se serait contenter d'une réponse, c'était tout ce qui importait pour le petit Joey : qu'il accepte ou qu'il refuse, une simple réponse, pas des excuses...

Avant de poursuivre la "conversation", elle saisit l'homme par le bras et l'attira à l'intérieur avant de refermer la porte. Il faisait froid et ce n'était pas la peine de raffraîchir encore davantage l'intérieur de l'orphelinat.
Les enfants étaient maintenant tous attablés et déjeunaient avec appétit ce que Rina avait préparé sur la table. Les plus grands s'occupaient des plus jeunes car les âges allaient de 4 ans à presque 15 ans.

Rina releva le regard vers l'homme sans lui faire le moindre geste, elle ne pouvait pas lui donner de réponse. Puis elle reprit son ardoise, et mit encore plus de temps à écrire les deux mots car elle bloquait sur le deuxième mot. " attendre dicreteur " inscrivit-elle toujours de la même écriture ronde et malhabile.

Puis tandis qu'elle lui présentait la petite tablette d'ardoise, elle toucha son bras pour capter son attention, et désigna la table puis fit mine d'amener quelque chose à ses lèvres pour lui proposer de boire quelque chose. Elle avait du thé encore chaud qu'elle n'avait pas eu le temps de boire, et il y en aurait bien aussi pour lui.

Elle écouta encore une fois passiblement ce qu'il lui disait.
Par la suite elle l'entraina à l'intérieur. Etait-il aussi rouge que ça ?
Mais pas mécontent ses doigts se réchauffaient déjà.
Elle recommença à ballader sa craie sur l'ardoise. Il ne la préssait pas, il savait combien cela était difficile devant un inconnu de montrer ses faiblesses.
"attendre dicreteur" il comprit le sens de la phrase.
Il espérait simplement que ceux-ci reviennent bientôt. Où était-il ?

Il sentit une main frêle lui toucher le bras. La jeune femme lui indiquait le refectoire, ou plutot la grande table, où étaient attablés les enfants. Mon dieu comme ils sont nombreux se disaient-ils.

Il fit "oui" de la tête et acceptant l'invitation il se partit avec elle en direction de la table. Joey était au bout, il alla s'assoir à ses côtés. "Bonjour" dit-il simplement aux autres enfants. Les ignorer était la pire des choses à faire.
Il les regardait manger, se sentant toujours impuissant. Cela lui rapellait l'époque où il venait de perdre ses parents. Heureusement lui était déjà adolescent et scolarisé, il était bien loin de ce qu'enduraient ces enfants.

Il osa après quelques secondes à se servir du thé dans une tasse, et regardait Joey manger un bout de pain dur. Il lui passa une main dans les cheveux. Que pouvait-il bien faire pour lui ? Peut-être que le directeur répondrait à ses questions. Il était impatient de le rencontrer.

Iekaterina, après s'être assuré que l'homme s'était installé, reprit ses gestes quotidiens, passant auprès des enfants, des plus jeunes surtout et aussi auprès de Maxime, qui était un petit garçon de 7 ans aveugle. Ce n'était pas une coïncidence que se retrouvaient plusieurs handicapés à l'orphelinat, les parents adoptifs faisaient leur choix... et puis l'administration du Maire ne cherchait pas à les intégrer au cursus normal, à les éduquer alors qu'en tant qu'handicapés, ils ne feraient jamais de "bons citoyens" efficaces et productifs... Lorsque Rina était arrivée à Dégénérescence, après s'être aperçu qu'elle ne parlait pas, qu'elle ne savait pas même écrire son prénom, ils l'avaient exclu directement du reste des autres enfants pour la conduire à l'orphelinat...

Tout en assurant son rôle, vérifiant que les enfants apportent leur bol sale jusqu'à la cuisine, elle gardait un oeil constant sur l'homme. Elle n'aimait pas particulièrement la présence d'étrangers ici, surtout des hommes. Le directeur l'avait aussi mise en garde, il ne fallait jamais les laisser seuls en présence des enfants... Et après ce qu'elle avait pu vivre, Rina était d'autant plus vigileante. Bien sûr l'homme ne paraissait pas méchant mais combien d'homme au même regard gentil et simple était venu la payer pour assouvir quelques envies ?

La porte de l'orphelinat s'ouvrit enfin, laissant le passage au directeur. Rina alla le rejoindre, récupéra son manteau, et lui désigna l'homme et Joey à côté. Nul besoin de parole ou d'autres gestes, la situation était tellement classique. Le directeur partit vers l'homme et l'invita à le suivre dans une salle adjacente qui servait de bureau.

Toujours aussi stoïque, Rina fit pressé les retardataires pour finir leur bol, demanda à un des garçons de montrer les étages à Joey. Elle avait le présentiment que le garçon resterait avec eux... Puis elle se remit à ses tâches ménagères : laver la table pour que la pièce puisse se changer en salle de cours, et la vaisselle, avant de remontrer contrôler l'avancement des préparatifs à l'étage...

Alors qu'il sirottait son thé bien chaud Gabriel sentait que la fille qui l'avait acceuillie le dévisageait. Il se sentait de plus en plus coupable de laisser son copain de piscine ici. Le sort était vraiment cruel.

Enfin l'ouverture de la porte d'entrée mis fin à ce long moment de solitude. Le directeur était là, il mettait fi pour Gabriel à la longue cérémonie du déjeuner soigneusement minutée.
La fille indiqua la présence de Joey et Gabriel au directeur. Elle n'avait même pas sorti son ardoise, signe que la chose se reproduisait fréquemment. Il n'était pas vraiment surpris par cela.

Il le pria de le suivre dans une salle adjacente à celle-ci. Il le suivit tandis que les plus grands enmennaient Joey à l'étage.
Le directeur referma la porte de ce qui semblait être son bureau après que Gabriel soit entré.

"Bonjour. Je suis Florian Brilland, le directeur de l'orphelinat."Il jeta un oeil à l'homme qui venait déposer l'enfant, attendant que celui-ci se présente.

"Bonjour monsieur. Je suis Gabriel Vaughn. Un ami de courte durée de Joey, l'enfant que vous avez vu tout à l'heure." Il était décidé à dire tout d'une traite, au moins il ne perdrait pas de temps à savoir si oui ou non ils avaient une place pour lui.

"Voilà, ce matin Joey est venu sonner à ma porte. Sa mère à été retrouvée assassinée dans les bas fonds de la cité, je ne sais où exactement, la police à été peu claire.
Sa mère était en fait sa mère adoptive, elle l'avait adopté à la naissance. Il n'à aucune autre famille. En ce qui me concerne je l'ai connu à la piscine. Je le connais que peu, et malheureusement je ne peux pas le garder avec moi. Je ne suis pas en mesure d'apporter au garçon se dont quoi il à besoin, du moins pas à long terme.
Joey est à la Jeunesse municipale, il à 7 ans et demi."

Alors qu'il avait fait tout ce monologue le directeur, d'une quarantaine d'année, s'était assis sur son fauteil. L'endroit était plutôt chaleureux, modeste mais commode. Les enfants ne devait pas être totalement malheureux ici se dit-il.

"Malheureusement M.Vaughn, je ne crains que nous n'ayons pas assez de place. Rien que cette semaine trois enfants nous ont rejoints. Nous manquons cruellement de place depuis ainsi que de fonds. Le personnel est trop limité."

Le poids qu'avait Gabriel sur les épaules depuis que le gamin était arrivé se faisait de plus en plus important. Il voyait le refus du directeur venir de loin...

"Ecoutez. D'ici la fin de la semaine nous avons trois familles qui doivent faire une visite. Avec un peu de chances certaines de nos enfants seront pris en charge.
Je vous demande une semaine. Gardez-le une semaine puis repassez nous voir. Avec un peu de chance nous pourrons l'accueillir comme il se doit." Il le regardait par dessus ses lunettes. Il ne le suppliait pas. Gabriel voyait bien qu'il ne racontait pas des histoires et qu'il n'avait pas vraiment le choix.

Il réfléchissait intensivement. *Une semaine* ne céssait-il de se répéter. *Une semaine et tu repasse.
Et si jamais les visites n'étaient pas concluantes ?*

Il repensait à Joey, à ce qu'il avait vécu...il ne pouvait quand même pas l'abandonner dans la rue, lui faire vivre ce que lui avait vécu.

"Ok" souffla t-il. "Je le garde avec moi pendant une semaine et je repasse." dit-il au directeur qui se releva. Il lui tendit son numéro de téléphone puis le raccompagna à la porte. Il le salua puis Gabriel sortit.

Gabriel se retrouvait maintenant avec la responsabilité d'un enfant de 7 ans. Il enfouit le bout de papier avec le numéro du directeur dans sa poche puis marcha jusqu'à la jeune fille qui l'avait acceuillie qui vaquait maintenant à la vaisselle.

"Joey ?" demanda t-il simplement, sachant qu'elle comprendrait qu'il voulait savoir où le gamain était. Lui expliquer tout ceci ne serait pas simple. Il verrait sur le chemin du retour.

Rina était en train de laver énergiquement et rapidement la vaisselle. Elle entendit l'homme revenir et se retourna, essuyant ses mains mouillés sur le torchon. L'homme lu dit simplement "Joey ?"
De nouveau un petit mouvement rajeur passa dans le regard de la jeune femme. Elle n'était pas stupide, elle aurait pu comprendre une vrai question et pas un simple nom... Mais sans doute que cet homme considérait inutile de faire une phrase entière pour une simplette comme elle... Son regard reprit son impassiblilité habituel en quelques secondes, ces petites choses habituels ne l'affectaient plus vraiment...

Sans se donner la peine de demander à l'homme de l'attendre par un geste aimable ou un sourire de compréhension, elle monta chercher le petit, en profita pour vérifier rapidement que tout se passait bien à l'étage, que tout le monde était en train de se brosser les dents, se coiffer ou faire son lit. Elle redescendit tenant le petit garçon par la main. Avant de parvenir en bas, elle lui serra gentillement la main pour lui faire comprendre que tout irait bien et accompagna ce geste d'un sourire.

Ils rejoingnirent enfin l'homme qui était venu et Joey paraissait heureux de le retrouver. Puis elle les accompagna vers la porte, se doutant de la réponse qui avait été faite à l'homme pour qu'il reprenne le petit. Elle s'agenouilla alors vers le petit et lui fit un petit bisous sur la joue. Il avait vraiment l'air malheureux...

La fille se contenta encore une fois de le planter là tandis qu'elle montait les marches de l'escalier.
Il attendit patiemment jusqu'à ce qu'elle réapparraise à la main de Joey.

Arrivé en bas des marches celui-ci alla se blottir encore une fois contre Gabriel. Il reçut un bisou sur la joue de la blonde avant de se faire prendre dans les bras de son pote passant le mètre quatre-vingt.

"Allez on rentre chez-moi bonhomme, couvre toi bien il fait froid dehors" lui dit-il d'un ton qui se voulait rassurant alors qu'il fermait bien la fermeture glissière du pull qui lui allait trop grand.

"Merci" dit-il à la jeune fille qui les avait acceuillis. Ils se reverraient certainement bientôt.

Le petit garçon qui s'aggripait au cou de son copain lui fit un signe d'aurevoir de la main avait qu'ils ne disparaissent tous deux par la porte.