Travail et citrouille

Pearl entra dans la bibliothèque d'un pas feutré et léger. Elle adressa un léger signe de tête aux bibliothécaires puis retira ses gants de soie et de velours avec une mine dubitative. Elle détestait travailler autant qu'elle détestait les technologues. Enfin à peu près autant.
Elle enleva son chapeau de feutre noir et le garda entre ses mains, avec ses gants. Puis enfin, sa robe glissant sur la moquette, ele avança entre les rayons de livres. SOn sujet était : "Histoire de Dégênrescence". Un sujet très interessant mais laborieux. Or Pearl était une grande paresseuse. Conclusion comme d'habitude, elle rendrait son travail en retard et aurait une mauvaise note. Elle soupira en passant ses doigts sur la tranche des lourds manuels reliés, et en jetant de très vagues coup d'oeil à leur titre. Elle n'était même pas dans le bon rayon.

Pearl se ressaisit alors. Il fallait agir avec méthode. Elle leva les yeux vers les affichettes qui indiquait les sections des rayons. Elle se dirigea ensuite vers le rayon "Histoire/ Géographie de Dégênerescence et d'ailleurs". Elle se glissa dans le rayon quasiment vide silencieusement, comme un gros félin. Sa robe noire repiqué d'orange trainait derrière elle et elle serra machinalement son sac noir entre ses mains. Elle eut une étrange sueur froide en regardant l'énorme... citrouille ? qui tronait au haut d'une étagère. Elle s'efforça de se détourner du cucurbitacé et reconcentra son attention sur les livres. Elle en repéra un énorme, juste en dessous de l'étagère à la citrouille. Il s'intitulait "Tout sur Dégênerescence". Il était tellement énorme qu'il devait contenir ce qu'elle voulait. Elle posa son chapeau et ses gants sur son sac, lui-même posé sur une étagère à moitié vide. Avec force elle tira d'un coup sec. Le meuble qui le soutenait se mit à trembler dangereusement et la citrouille avec...

Dans un prodigieux réflexe elle glissa le livre sous son bras gauche (heureusement qu'elle était quelque peu musclée) et tendit sa main droite en s'étirant de tout son long vers la citrouille qui mençait de choir. Le bout de ses doigts blanchit et son poignet craqua légèrement.

* Et merde *

Elle regarda fatalement la citrouille qui commençait à glisser malgrès le poids de ses doigts...

"Et moi qui pensais en avoir finit ave ces bouquins..."

Allen n'avait pas ouvert de livre de médecine depuis ses classes de spécialisations, il y à maintenant plus de dix ans... Et on ne pouvait pas dire que cela lui manquait.
Mais une étrange infection pulmonaire découverte lors de sa dernière autopsie lui avait valut de se retrouver ici, assis à la bibliothèque devant une pile de livres de médecine, à marmonner silencieusement...
L'infection en question pouvait paraitre totalement inoffensive au premier abord, mais elle semblait avoir provoquer la mort du patient.
Allen pensait avoir découvert les dégats causés par une nouvelle drogue, mais les analyses n'avaient révélées aucun élément validant cette théorie.
Le jeune médecin légiste pencha alors plutôt pour une maladie virale, et n'en connaissant aucune qui se manifestait par ces symptomes, il devait faire des recherches...

Cela faisait maintenant plus de deux heures qu'Allen avait le nez plongé dans les pages jaunies de ces vieux livres médicaux, et il avait serieusement besoin de faire une pause.
Le jeune homme leva la tête, fit craquer bruyament deux ou trois cervicales et soupira.

Il se redressa et commença à marcher vers la sortie, histoire de prendre l'air. En passant entre deux rangés de livres, il aperçut une fille essayant vainement de retenir une citrouille qui menacait de lui tomber sur la tête. Et une citrouille, c'est lourd mine de rien !
Heureusement, le jeune homme avait son gant noir lui permettant d'activer plus failement son pouvoir (ça tombe bien quand même !)...
Il fit un rapide geste de la main, et reduisit la gravité exercée sur la citrouille, de façon à ce que celle ci ne pèse presque plus rien et tombe au ralentit. La fille aurait ainsi largement le temps et la force de la rattraper.

Pourquoi avait-il aidé cette fille ? Pourquoi ne s'était-il pas contenter de regarder la scène et d'écouter le mélodieux bruit qu'aurait fait la citrouille en heurtant le crane de la pauvre jeune femme ? Et bien parce qu'être sans arrêt méchant, ça fatigue... Et puis il était de bonne humeur! Il avait eu son quota hebdomadaire de cadavres à désosser au boulot et ne ressentait plus vraiment le besoin de ramener du travail à la maison...

Allen s'approcha de la fille qui malgré une petite frayeur, avait finalement évitée une fin prématurée au pauvre cucurbitacé... Il garda néanmoins une distance de sécurité pour ne pas effrayer la demoiselle avec ses deux longs mètres et sa figure un peu pale... De plus, le visage de la fille lui disait quelque chose, mais il ne savait pas si son imagination lui jouait des tours ou s'il l'avait déja vu quelque part...

En remarquant son collier, le medecin légiste comprit qu'il avait à faire à une Thaumaturge... Personne n'est parfait, pensa-t-il. De plus, il était d'humeur plutôt joyeuse et enclin à bavarder, même si ça devait être avec une de ces personnes. Il choisit donc de rabattre précipitament sa manche sur son bracelet, ne laissant dépasser que le gant noir. Le jeune home afficha son plus beau sourire et demanda :

"Rien de cassé ? Il s'en est fallut de peu..."

...
Sobre, aimable, Allen était plutôt fier de son entrée en matière. Elles étaient souvent beacoup plus ironique et moqueuse. Il avait d'ailleurs hésité à ajouter un petit "Je parlais à la citrouille bien entendue...", mais doutant de la qualité et de l'effet bénéfique de cette "blague" dans la discution... Il s'abstint.
Il se contenta donc d'attendre un hypothétique réaction positive de la fille, en affichant son air le plus charmant, ou plutôt le moins dérangeant...

Pearl repoussa ma Citrouille tout à coup légère et replia son bras endolori en soupirant de soulagement.
Elle se retourna pour voir qui ou quoi avait servi de sauveur au cucurbitacé (Le concombre masqué ?). SOn regard tomba tout naturellement sur le seul être vivant de l'allée, un homme d'un trentaine d'années.

Au premier coup d'oeil, elle conclut hativement qui avait l'air dans esprit frappeur et frappé, de par sa pâleur et de son sourire... étrange. AU deuxième, ce fut un écho à sa mémoire qui la frappa. Elle avait l'impression de l'avoir déjà croisé. Mais quand à se souvenir si la rencontre avait été agréable... Au troisième ce fut le torticoli qu'elle sentait poindre lorqu'elle leva la tête vers lui. Elle resaisit brutalement entre ses deux mains le lourd manuscrit relié, son chapeau et ses gants.
SOn attention fut attiré par le mouvement brusque de l'homme qui rabattit sa manche, mais pas assez rapidement pour empêcher Pearl de deviner un ordinateur.

Il y avait une chose qui l'agaçait encore plus que les technologues. Ceux qui avaient honte de l'être. Enfin ceux dont elle ne pouvait pas se moquer.
Un ombre agacé passa sur sa rétine avant que l'homme ne parla.

"Rien de cassé ? Il s'en est fallut de peu..."


Bon il n'avait pas l'air d'être un malappris.

" C'est vrai..."

Le ton neutre de Pearl n'avait rien d'encourageant ni de découragent. Il était juste... neutre. Mais ne voulant pas rester sur ses paroles, Pearl continua.

" Une chance que vous passiez là, Monsieur... ?"

Elle aimait à connaître le nom de son interlocuteur.

Dans le genre invitation à la discution, on avait déja connu mieux qu'un rapide "c'est vrai"...
Mais si ces deux mots n'avaient pas été dit avec beaucoup de sympathie, le ton n'était pas non plus totalement glacial. Un Allen, c'est tenace, et il ne lui en fallut pas plus pour continuer la conversation.

Mais avant qu'elle ait répondue, Allen remarqua une lueur d'agacement passer dans le regard de la jeune fille juste après qu'il ait tenté de cacher son bracelet.
Il en conclut qu'elle ne devait pas apprécier (à leure juste valeur) les Technologues, comme la plupart des Thaumaturges...
Pour le bien de la futur coversation qui s'annonçait passionnante, le medecin decida donc de jouer carte sur table.

Quand elle lui demanda son nom, il répondit donc :

"Appellez-moi simplement Allen...
Je vois que vous avez remarquez mon bracelet. Je m'excuse si j'ai voulut le cacher, mais connaissant les réticences de certains Thaumaturges envers les Technologues... J'ai préféré ne pas prendre le risque de déclencher de conflit dans cette bibliothèque, surtout que le surveillant n'est pas des plus sympathique !"

Après avoir lancé un regard dans la direction de ce dernier pour voir s'il semblait avoir entendu, il continua :

"Mais pourrais-je avoir l'honneur connaitre également votre nom nom ?"

Il faillait peut être se calmer sur les "vous" et les "avoir l'honneur de" se dit Allen.
Elle finirait par croire à de la drague, et un trentenaire draguant une adolescente était plutôt mal vu. Même à Dégênerescence... Il se décida donc à aborder un ton un peu moins formel et plus familial.

"Qu'est-ce que tu cherches à la bibliothèque en fait ? Je pourrais peut être t'aider... Qui sait ?"

... Allen se maudit interieurement d'avoir proposer ça.
La discution s'annonçait vraiment passionnante s'il se préparait à aider la jeune fille à faire ses devoirs... Il fallait pimenter un peu la conversation. Mais comment ?
Allen n'avait pas l'habitude de discuter comme ça avec les gens, et encore moins quand ils étaient aussi jeune. Il réfléchit donc à ce qui pourrait interesser les deux.
L'école ? Surement pas. Le Maire ? Trop risqué. La medecine ? Non plus. Enfin... A moins que...

"Tient, pendant que j'y pense... Tu t'y connais un peu en médecine ?"

De toute façon, s'il elle avait des bases en anatomie (c'est-à-dire savoir que le coeur est quelque part sous la poitrine et que l'estomac n'est pas réelement dans les talons), et s'il elle ne défaillait pas à la vue du sang, ça suffirait pour ce qu'il voulait lui proposer...

Pearl Akina eut un petit sourire satisfait quand il se dit technologue. Bon il était suicidaire, mais au moins il était honnête. Elle s'efforça de ne pas le laisser planter là, histoire d'éviter une conversation désagréable avec un maudit technologue. Il était poli, elle appréciait cette qualité et s'attribuait cette qualité assez régulièrement pour en faire peur quand elle l'exigeait necessaire. Ce qui arrivait rarement avec un technologue.

Il lui demanda son nom, mais elle n'eut pas le temps de répondre tout de suite, car il enchaînait sur une autre question qui n'annonçait pas la suite passionante. Elle començait à ouvrir la bouche quand il posa une dernière question très incongrue.
Elle s'appliqua à répondre aux questions de l'homme dans l'ordre et avec la plus grande courtoisie possible.

"Je me nomme Pearl Akina Tcharitana. Vous pourriez m'aider, mais je préfèrerais vous éviter une corvée. Et mes connaissances en médecine s'arrête à connaître les noms de mes cinq doigts et de la plupart de mes os et de mes organes. Je ne brille pas dans ce domaine."

Elle reprit sa respiration et enchaîna

" Mais voilà une bien étrange question... Puis-je savoir quel en était le but ?"

Elle lui adressa un sourire plein de fossettes légèrement hypocrite mais il fallait avouer qu'elle était très intriguée et s'amusait beaucoup pour l'instant. Pearl étant une vraie pipelette et aimant à montrer ses bonnes manières, elle appréciaient les conversations et débats à leur juste valeur.

Pearl s'y connaissait beaucoup en medecine : Elle pouvait situer avec précision son index gauche, et était à peu près certaine que le tibia n'était pas un os du bras. Bref, encore un peu de pratique et elle pourrait se déclarer cardiochirurgien...

Les tensions du début semblaient maintenant avoir disparus. La jeune fille ne semblait plus agacée et ses réponses comportaient plus de deux mots.
Encouragé par ces signes positfs, Allen continua sur sa lancée et décida de faire durer le suspense pour garder l'attention de son interlocutrice
En effet, Perl lui avait demandée, avec un très grand sourire, pourquoi s'interressait-il à ses connaissances en medecine.
Il lui répondit avec le même sourire et ne donna que quelques informations qui devaient apâter la jeune fille.

"Oh, et bien... disons que je cherche quelqu'un qui souhaiterait gagner pas mal d'arrgent, et pour ça, cette personne doit simplement avoir quelques notions en anatomie..."

Ce n'était en réaloité pas le seul critère. En réalité, la personne devait également être une femme plutôt jeune, mais ça, Pearl n'avait pas besoin de la savoir.

Pendant qu'ils parlaient, Allen avait totalement oublié qu'ils étaient debout entre deux rangées de livres, avec une citrouille posé à leur pieds. Mais les toussotement agacés des personnes souhaitant consulter les ouvrages de ces rangée le lui rappela...

"Nous ferions peut être mieux de nous asseoir pour discuter de tout cela. Ici, ce n'est pas le meilleur endroit pour cela", dit-il en lui indiquant du regard les personnes qui attendaient. "Allons nous asseoir à cette table, la-bas. Il n'y à pas beaucoup de personnes et nous ne dérangeront pas."

Il invita la jeune fille à aller s'asseoir, après avoir reposé la citrouille à sa place. Il ne voyait pas ce qu'elle faisait à cet endroit, mais s'il fallait s'interroger de la raison d'être de chaque chose à Dégênerescence (sans bien sûr faire référence au Maire et ses sbires...), une éternité n'aurait pas été du luxe.

Pearl haussa le sourcil gauche avec curiosité et ouvrit légèrement la bouche, candide, genre le gosse à qui on propose un bonbon et qu'on emmène chez lui pour commettre un meurtre horrible, passible de torture ou de mort, et qui au début ne se doute absolument de rien (jusqu'au moment où on lui fout un couteau sous le nez). Elle n'était pas particulièrement dans le besoin, mais un peu d'argent ne serait pas de refus (surtout qu'elle caressait l'idée d'acquérir un peu plus d'indépendance vis à vis de ses parents).

La jeune fille accepta d'aller s'assoir, embarquant au passage son bouquin et ses petites affaires. Ils s'installèrent à une table légèrement à l'écart (que les profs de l'université thaumaturges déstinaient au travail de groupes). S'ils prenaient la peine de parler bas, personne ne risquaient de les entendre. Elle lissa sa longue robe sur ses genoux et posa le livre sur la table. Comme elle était d'une taille plutôt moyenne, voire presque petite pour son âge, Elle ne pouvait toucher le sol que d'un bout de ses bottines et non de son talon.

Une fois installée, elle eut un sourire légèrement plus ambigue et mature, avant d'interroger l'homme.

"Quelle est donc cette affaire qui necessite que l'on s'assoie . Peut-être suis-je ionterressée, mais un peu plus de précision m'encouragerait bien plus."

Elle laissa une de ses mains posée sur la table, tandis qu'elle retenait avec force l'autre d'effleurer son pendentif (à force, il s'abîmait de plus en plus vite !) et la posa donc sur ses genoux, dans un délicat bruit de satin.