Pour aller manger dehors...

Le délégué des technologues commençait sérieusement à s'énerver. Il regarda sa montre une fois de plus. il s'aperçut qu'il n'y avait même pas une minute qu'il l'avait regardé. Il regarda autour de lui, cherchant à s'occuper l'esprit pour éviter de ressasser le fait qu'il n'aimait pas attendre dans les queues de restau rapide. Mais cela faisait vingt fois qu'il détaillait le portrait du Maire, vingt fois relisait la même affiche sur les qualités nutrionnelles prétendues ou réelles de ce qui était proposé dans ce restaurant, vingt fois qu'il regardait la disposition des lieux.

Il commença à faire les cent pas. Mais ne voulant pas quitter la file de peur de se faire prendre sa place, il fit les cent pas par demi pas. ce qui faisait un tas de demi pas. Un demi pas d'un côté, un demi pas de l'autre. Andriyin se rendit compte qu'il faisait les deux cents demi pas sur des demi dalles. Un demi pas ne lui permettait pas de couvrir une dalle entière. Mais les demi-pas sur le côté n'impliquaient en rien des demi pas vers l'avant.

Un gargouillement horrible lui sortit de l'estomac. La personne devant lui se retourna. Andriyin ne le remarqua pas. Il venait en effet de faire deux demis pas sur le côté, ce qui arrivait presque à faire un pas entier et il regarda pourquoi la file n'avançait pas. Rien à faire. Pour voir quelque chose, il aurait fallu effectuer des demis pas supplémentaires qui, de demi pas en demi pas l'auraient emmené trop loin de la file et il se serait fait piquer sa place. Et pas qu'à moitié. Il se pencha sur le côté en se tenant sur une jambe et cria :

"Alors ? Vous bougez ? Y se passe quoi ?"

Il sembla que ce fit le point de départ à l'expression du mécontentement général. Les clients commencèrent à se parler entre eux, d'une fille à l'autre ou au voison le plus proche. D'ailleurs, Andriyin entendit qu'on lui parlait et il se retourna vers l'origine de la voix.

Depuis deux heures, Mia errait en ville, dans le but de faire découvrir à Apple tout ce qu’il n’avait pas encore vu. En effet, bien qu’elle ne se sépare jamais du petit ours brun, la gamine ne sortait que peu en ville, et l’apprentissage qu’elle s’efforçait de faire à son ami n’avançait pas beaucoup. Mais chaque sortie était une occasion de lui apprendre et c’étaient là les seuls moments où l’on pouvait vraiment distinguer le sourire et la voix de la petite poupée. Aussi s’accorda-t-elle –ainsi qu’à son ours – un repas, non pas dans l’habituel restaurant italien « Chez Luigi’s » mais dans un fast-food ! Une première pour le petit Apple qui avait été habitué à manger une nourriture de qualité, adapté au palais délicat de sa maîtresse. Cependant, Mia était d’humeur enjouée et était décidée à s’amuser, avant de retourner s’enfermer dans les murs de l’Université de Thaumaturgie pour regarder les gens passer dans le grand jardin, du haut de sa fenêtre. De plus, elle n’y était allée qu’une fois, avec son cher frère, et elle tenait à y retourner seule, au moins une fois, pour se prouver, à elle comme à Edward, qu’elle pouvait se débrouiller.

La petite entra donc dans le fast-food où l’attendait une queue d’une incommensurable longueur. Elle sursauta et hésita longuement avant d’avancer à pas très (très) lents, remontant la file qui se trouvait à sa droite, permettant à sa passion pour l’observation de se remettre en marche. En même temps, elle expliquait à son ours comment fonctionnaient tous les objets qui les entouraient… Par la pensée. Effectivement, Mia était absolument persuadée qu’Apple était doué de télépathie et qu’elle et lui pouvaient communiquer par la simple pensée ; ce qui lui évitait d’avoir à trop parler. Aussi lui parlait-elle par la pensée, se contentant de lui désigner les objets des yeux, sans jamais utiliser ses bras, et encore moins ses mains gantées de pourpre, assorties à sa longue robe vénitienne du même pourpre, au petit chapeau sur sa tête, à ses yeux, à ses cheveux, et même au ruban noué au cou de son ami. Parfois, un objet se déplaçait discrètement, sans que beaucoup de gens s’en aperçoivent alors que, si l’on observait bien, on pouvait voir la gamine remuer légèrement les lèvres. Elle remit d’ailleurs le tableau du maire droit, grâce à son pouvoir – il était légèrement de travers.

Mais alors que la jeune fille allait tourner les talons et s’en retourner au bout de la queue – qui s’était encore allongée – une voix de ténor déclencha de vive réaction, dans toutes les files, et attira son attention. Elle se tourna vers lui, une légère lueur intriguée au creux des pupilles.
Ah oui… Elle l’avait déjà remarqué. Il s’amusait à faire les cents pas, en demi pas, depuis une bonne dizaine de minutes. La petite en avait été extrêmement interloquée, d’ailleurs. Mais, au vu de sa façon de faire ses demi pas en revenant toujours à son point de départ, elle avait rapidement déduis qu’il ne désirait pas se faire piquer ça place – ce qui pouvait se comprendre. Il avait fait mouche, avec son cri de mécontentement, et tout le monde se bousculait déjà en criant son impatience et son incompréhension. La gamine n’exprimait, elle, aucune émotion, mais s’approcha tant bien que mal du perturbateur.
Pour une fois que son humeur laissa place à l’espièglerie, elle allait en profiter. Pourtant, une fois proche de cet homme, un frisson glacial lui parcouru l’échine. Il portait au bras cet immonde bracelet-ordinateur, propre aux technologues.
Tant pis…

Dîtes-moi… Quel âge avez-vous…?

Sa voix de cristal à l'accent britannique s’échappait à peine entre ses lèvres mais Mia ne cherchait en aucune manière à parler plus fort. Déjà, murmurer lui demandait un énorme effort, alors parler normalement ou crier… Toutefois, la jeune fille fixait avec beaucoup d'intérêt et une légère moquerie les cheveux blancs de son interlocuteur. Elle savait pertinement parler de façon à ce qu'on l'entende, ou pas.

Andriyin se retrouva nez à nez avec... Un ours en peluche ! il recula d'un demi pas surpris avant de comprendre que la poupée qui accompagnait l'ours en peluche était vivante et l'ours en peluche un objet. Avec tous ces pouvoirs, on ne savait jamais. Il regarda un peu l'accoutrement de la fille. Une thaumaturge, sans aucun doute. Il n'y avait qu'eux pour vouloir ressembler à des poupées. Mais celle là était bien gratinée. Mmmmh, du gratin... Mais qu'est ce qu'ils fichaient ces abrutis de serveurs ? Il jeta un coup d'oeil à la file mais ne vit rien de supplémentaire. Il décida donc de reporter son regard sur la gamine.

Elle lui fit penser à un film. Un pantin en bois accomplissait des meurtres pour le comte d'un luttier. Mais la gamine ne semblait pas être en bois mais en porcelaine. S'il elle tombait, elle se casserait. Mais soudain, les paroles remontèrent enfin jusqu'à son cerveau. Quand on a le ventre vide, c'est plus long mais ca vient toujours. Et là :

*comment ça, quel âge j'ai ? Et mais ! Nom du Maire ! Je vais...*

"Quel âge j'ai ? c'est pourtant simple mon enfant. J'aurais trois milles six cent vingt deux ans aux chanterelles. Incroyable, non ? Mais c'est normal, j'ai un secret pour ça..."

termina t-il en lui faisant un clin d'oeil avec un sourire qui montrait une dentition féroce.

L’homme à qui Mia s’adressait – et qui l’avait entendue, bien sûr – se retourna vivement et eut un léger mouvement de recul à la vue du couple Mia&Apple. Après avoir cligné plusieurs fois des yeux, comme pour s’assurer qu’il ne rêvait pas, il sembla reprendre contenance et dévisagea la fillette, qui restait avec grands yeux carmin ouverts en grand sur les cheveux de son vis-à-vis. Une fois s’être assuré que la file n’avançait pas, il reporta son attention sur Mia, toujours exactement dans la même position, avec la même expression de curiosité – très légèrement blasée – sur le visage. Une véritable poupée. Elle n’avait pas bougé d’un cheveu depuis les trois minutes durant lesquelles elle avait attendu une réponse. Elle n’aurait sans doute pas bougé non plus si la réponse s’était faîte encore attendre. Un parfait petit objet.

"Quel âge j'ai ? C’est pourtant simple mon enfant. J'aurais trois milles six cent vingt deux ans aux chanterelles. Incroyable, non ? Mais c'est normal, j'ai un secret pour ça..."

Il lui fit un clin d’œil et lui décocha un sourire… féroce, mais la jeune fille ne fit pas plus attention à sa dentition qu’à la poussière qui pouvait flotter autour d’elle. Elle avait, en vérité, ouvert encore ses yeux en poussant un « eeeeeenh » d’admiration, et en portant deux doigts gantés à sa bouche, sans pour autant les bouger trop. Ses immenses prunelles sombres exprimaient, plus encore que son expression, un étonnement sans bornes. Puis ses yeux reprirent leur taille initiale et l’ébahissement laissa place à l’évidence, alors que la gamine semblait en grande conversation avec elle-même. Elle fini par sortir de sa « transe ».

« Je vois ! Apple says : that’s why vous avez les cheveux très blancs ! Je comprends maintenant ! Mais vous faîtes très jeune pour votre âge ! Comme vous faîtes ?! » S’exclama-t-elle avec un enthousiasme candide, preuve même de sa douce innocence – et de son ignorance totale de l’humour.

Sur cette belle phrase témoignant de sa déconcertante candeur, Mia tapota la tête de son ami en dialoguant avec lui par la pensée, lui assurant que lui n’aurait jamais les cheveux aussi blancs, parce que lui était immortel et ne vieillirai pas, tout en s’amusant à déplacer des objets par-ci, par-là, alors que ses fines lèvres remuaient vaguement. Mais elle s’interrompit brusquement et darda un regard honteux sur son interlocuteur.

« I’m so sorry ! J’ai oublié de vous présenter Apple ! C’est mon ami ! Il est très gentil ! » Dit-elle en tentant de lever la peluche en la tenant par une pression des poignets, ce qui s’avérait très difficile, et qui l’amena à finalement renoncer avec une moue dépitée.

Andriyin eut mal au coeur. Et fut également extremement ravi. Ca alors ! La gamine -ou plutôt la statuette de porcelaine- s'était animée dans un petit bruit presque inaudible face aux clameurs grandissantes des clients mécontents. Elle le croyait sans hésiter ! Une telle naïveté était vraiment pénible : cela serait bien trop facile de se jouer d'elle ! Trois mille six cent vingt deux ans ! Qui pourrait vivre aussi vieux ?

Andriyin réfléchit un instant. Pensif, ses yeux regardèrent vers la gauche, vers le lointain. Non, ici, cela aurait pu ne pas être surprenant. Après tout le Maire était bien immortel ! Il avait vécu depuis le début des temps et serait là après la fin de l'univers. En fait, cela aurait pu être vrai. Etait-elle finalement si naïve ? Mais dans un autre sens, elle l'avait touché là où il ne fallait pas : la couleur de ses cheveux.

D'accord ! Ils étaient blancs ! Mais ensuite ? Ensuite ? Aucune pitié ! Tant pis si elle était si naïve ! Ou si elle ne l'était pas, ca serait la même chose. On ne touchait pas à ses cheveux ! Euh... Oui ! Même verbalement ! Il reporta son regard sur elle. Elle lui parla de son ours en peluche. Apeul ? Quel drôle de nom. Enfin bon. Tout à son attention à contempler le visage net et blafard de la petite fille, il ne vit pas qu'elle ne bougeait pas des doigts et qu'elle tenait son nounours par les poignets.

Mais ses précédentes paroles revinrent à son esprit. Elle allait voir et son stupide ours en peluche aussi ! Andriyin jeta un dernier coup d'oeil vers la file d'attente. Rien ne bougeait non plus. Il s'accroupit finalement vers la petite fille et lui fit un gentil sourire. Cela lui rappella un instant l'époque où sa soeur était plus jeune. Il parla d'une voix douce :

"Bonjour Apeul, heureux de te connaître. Et bien ma petite, en fait, si tu veux savoir mon secret pour vivre aussi vieux, c'est très simple ! En fait, je suis peluchovore. J' me nourrit principalement d'ours en peluche ! C'est super bon avec une sauce ketchup, deux morceaux de pain et avec une feuille de salade ! Et avec un paquet de frites et un bon soda, j'te dit pas !"

Il se frotta le ventre en passant la langue sur ses lèvres. Il se releva et regarda vers le comptoir. La file n'avancait toujours pas. Bien, si jamais la mioche ne s'était pas enfui en courant, il aurait un autre truc à lui dire...

Bien qu’il restât à la fixer comme un imbécile durant quelques assez longues minutes, Mia n’eut pas tellement l’impression que son vis-à-vis l’écoutait plus que ça. Il avait l’air totalement ailleurs, cela dit. Complètement plongé dans ses pensées, et pas hyper content. Ca n’était pas spécialement évident mais il avait légèrement froncé les sourcils et la fillette l’avait immédiatement noté. Elle n’aimait pas les gens énervé et encore moins ceux énervés contre elle. Ca finissait assez mal, généralement… Et pas forcément pour Mia.
La gamine observait absolument les moindres de ses mouvements. Un regard vers le lointain, encore un peu plus d’énervement, de l’étonnement… Ou bien de l’incrédulité… Un nouveau froncement de sourcils puis il se mit à la fixer. Et là, ils en étaient tout les deux au point mort. Mais – fort heureusement pour tout le monde – cela n’était fait pour durer éternellement et Andriyin rompit brusquement le blanc qui s’était installé entre eux en prenant la parole d’une voix douce, qui éveilla chez Mia un profond souvenir, indistinct.

"Bonjour Apeul, heureux de te connaître. Et bien ma petite, en fait, si tu veux savoir mon secret pour vivre aussi vieux, c'est très simple ! En fait, je suis peluchovore. J' me nourris principalement d'ours en peluche ! C'est super bon avec une sauce ketchup, deux morceaux de pain et avec une feuille de salade ! Et avec un paquet de frites et un bon soda, j'te dit pas !"

A peine les paroles du jeune homme étaient-elles parvenues à la compréhension de la gamine qu’un océan de fureur se déchaîna en elle, tandis qu’une dizaine d’objets tranchants voletaient à présent joyeusement dans le dos d’Andriyin, la lame soigneusement tournée vers lui. Dans la tête de la jeune fille, il avait proféré des menaces devant son ami, et c’était un acte absolument impardonnable. Pour cela, il ne méritait que la mort, et encore, elle était indulgente, elle lui offrait une mort rapide et sans souffrances. Les yeux flamboyants de haine, elle braqua les couteaux vers lui et se concentra pour leur ordonner de transpercer le corps du jeune homme simultanément. A force d’utiliser son pouvoir toute la journée, la fillette s’était épuisée et il lui fallu un peu de temps pour retrouver sa concentration, très peu de temps même, mais assez cependant pour permettre au souvenir à demi-éveillé de refaire brusquement surface dans sa mémoire.
L’espace d’une seconde, Mia revit le visage doux et triste de son frère, ses yeux fatigués et ses traits tirés, qui tentait de lui expliquer ce qu’il ne fallait pas tuer, alors qu’elle regardait par la fenêtre d’un air absent. Elle entendit encore une fois, aussi clairement que s’il avait été à côté d’elle, sa voix douce et rassurante, même lorsqu’il la réprimandait gentiment.
En un instant, tous les couteaux tombèrent sur le sol avec fracas alors que la petite fondait en larmes.

« Oh ! Grand frère, grand frère ! Je ne dois pas tuer pour Apple ! Tu as raison ! Grand frère… » Murmurait-elle pour elle-même en serrant son ours contre sa poitrine avec une force incroyable.

Tout en gardant son sourire de grand frère, Andriyin attendit la rézaction de la gamine. Mais il fut un peu déçu. Rien. Bouaf, et dire qu'il croyait qu'elle allait partir en courant pour revenir pleurer dans le jupes de sa père. C'était raté. Elle n'avait rien fait. Normal dans un sens pour une poupée vivante. Peut-être avait-elle le Q.I. d'un Big Mac en même temps. Elle s'était montré tellement naïve, elle ne devait pas être bien fine.

Dans un sens, il lui sembla qu'il y avait quelque chose qui avait changé chez elle. Quoi ? Il ne saurait le dire. Peut-être était-elle tout simplement en train de cogiter. Mais c'est alors qu'il entendit des bruits métalliques tomber sur le sol. Il se retourna et vit une dizaine de couteaux. Il fut surpris. Ils avaient changé de formule, ici ? On avait droit à des couverts en métal, maintenant ? Ca devait peut-être expliquer l'embouteillage de gens aux caisses. Il ne devait pas y avoir de quoi laver le matériel. Mais c'était bizarre quand même.

Alors qu'il réfléchissait ainsi, il entendit des sobs derrière lui. Dans le silence qui avait suivi le fracas des couteaux sur le sol, il lui semblait qu'il n'entendait plus que les pleurs discrets. Il se retourna et vit la petite fille serrer sa peluche contre elle en pleurant. Il eut un sourire aux lèvres. Ah ha ! Elle avait enfin compris ! Il avait fallu le temps mais ca y était. On ne s'attaquait pas au grrrrand Andriyin Rickleoff, délégué des technologues - pas plus qu'on ne s'attaquait à ses cheveux ! D'ailleurs, lui ou sa tignasse décolorée, c'était la même chose.

Cependant, alors que des murmurres indignés commencèrent à venir de toute part -il fallait croire qu'il était entouré par des thaumaturges- il entendit un murmurre surprenant :

« Oh ! Grand frère, grand frère ! Je ne dois pas tuer pour Apple ! Tu as raison ! Grand frère… »

Là, il sentit une sueur froide lui couler le long du dos. Quoi ? Il n'était pas sur de bien comprendre ce qu'elle avait dit. Grand frère ? Tuer pour Apeul ? Comment ça : tuer ? Toujours accroupi, il se retourna une fois encore vers les couteaux qui étaient à terre. Il avala difficilement sa salive. Mais qu'est ce qu'elle avait essayé de faire ? Il la regarda de nouveau. Il était certain d'avoir compris mais ne voulait pas y croire. L'étonnement et la peur laissa place à la colère. Il haussa la voix et d'une main ferme lui attrapa un bras en demandant :

"Eh ! Qu'est ce t'as essayé de faire ? Arrête de chialer et réponds moi ! "

Mia ne voyait plus - ne voulait plus voir - ce qui se passait autour d'elle. Pourtant, l'agitation régnait, dans un silence pesant. Beaucoup des personnes présentes s'étaient vivement retournées au fracas métalique des couteaux tombant au sol. Certains étaient sortis en grommelant de mécontentement, la plupart s'étaient prestement écartés de quelques mètres et les autres étaient restés à leur place, soit prudement figés dans la peur d'une récidive, soit arrêtés par la curiosité. Le personnel n'avait rien vu, trop occupé par les derniers clients - peu nombreux, certes, mais coriaces - qui s'étaient attardés auprès d'eux pour tenter de connaître la raison de la lenteur du service.
Cependant, même eux s'étaient tu. De bruits, il ne subsistait que les petits sanglots de la thaumaturge en larme. Elle en avait oubliée jusqu'à son interlocuteur - le responsable de tout cela - qui restait en face d'elle sans bouger. La gamine restait prisonnière des souvenirs de son frère aîné, aussi précieux que terrifiants. Il était mort avant de l'avoir voulu, mais non sans rester profondément gravé dans le coeur de sa jeune soeur, qui se repentait toujours douloureusement de désobéir à ses conseils avisés.
Mais la poigne de fer d'Andriyin serra brusquement son bras, lui arrachant un gémissement de douleur. Il hurla à ses oreilles mais elle ne put répondre immédiatement, à moitié etouffée par ses hocquets de douleur et ses larmes. Lorsqu'il eut fini de la secouer comme un poirier, elle essuya ses dernières larmes d'une revers de main. Un instant, elle maudit son traumatisme nerveux, sans lequel elle aurait pu aisément se dégager de son étreinte. Elle ne pourrait même pas se masser le bras. Heureusement, elle n'avait pas fait tomber Apple. C'était encore le plus important.

C'est évident, non? Articula-t-elle froidement, d'une voix rendue pateuse par les larmes, tout en désignant les couteaux du menton.

[Désolée pour le retard et la longueur ^^"]

[hj :Côté retard et longueur, je crois que je vais pas faire mieux ^^"]

"Evident ? "

Il avait répété les mots presque sans voix. Andriyin en avait eut le souffle coupé. Mais c'est qu'elle semblait en être fière en plus ! Il serra les dents. Un claquement retentissant se fit entendre dans la salle de déjeuner du restaurant. Andriyin ne se rendit compte de ce qu'il avait fait une fois qu'il avait terminé son acte. Il l'avait giflée. Il ne devait pas y être allé de main morte car maintenant il ressentait des picotements dans les doigts.

Il était toujours accroupi. Seule sa main et son bras avait bougé. Son visage reflétait la fureur qui l'avait submergé. Il s'écria :

"Non mais ça va pas ?!!!! Qu'est ce qui t'a pris ?!!! On n'utilise pas ses pouvoirs comme ça ! Tu finiras au bagne, thaumaturge !"

A cette scène quelques exclamations surgirent du reste des clients de la boutique. Andriyin tourna la tête et les regarda avec des yeux noirs. Il s'interrogeait. Les affrontements thaumaturges/technologues étaient forts courants mais généralement les blessures n'allaient pas plus loin que celle qui pouvaient être occasionnées par des poings. Mais elle...

Elle avait parlé de tuer. Elle n'avait pas l'air d'avoir l'âge d'entrer dans leur université et elle parlait de tuer. Mais qu'est ce qui s'était passé avec elle ? Soudain, il se rappela. Elle avait parlé de son frère. Il reprit la parole :

"Il est où ton frère ? Il faut que j'aille lui parler."

La lueur de haine et d’orgueil malsain qui flambait dans les yeux de la gamine ne laissait rien présager du bon pour son interlocuteur. Il y avait dans ses yeux comme une sorte de petit quelque chose de cruauté et de joie imprégnées de folie et, malgré le fait que son vis-à-vis lui tînt encore le bras à lui faire mal, la privant de sa concentration, on pouvait encore voir derrière lui les couteaux d’aciers remuer légèrement tandis que Mia remuait imperceptiblement les lèvres. Mais plus la surprise et l’indignement gagnaient le jeune homme – ce dont la fillette n’avait strictement rien à faire – plus la douleur de son bras s’atténuait, alors qu’il commençait lentement mais sûrement à lâcher prise. Un sourire féroce vint se peindre sur ses lèvres tandis que les couteaux s’élevaient de plus en plus haut dans son dos. Elle était de plus en plus fière et heureuse de pouvoir venger son honneur et celui de son ami sans désobéir aux règles dictées par son frère. Puisque l’homme lui avait fait beaucoup de mal, il allait payer par le sang ! Quoi de plus naturel ?

Les lames se rapprochaient dangereusement et elle allait enfin atteindre son but lorsqu’elles retombèrent toutes d’un coup dans un violent fracas tandis qu’un claquement sonore retentissait dans la salle. A présent, les clients encore assez courageux pour rester s’étaient vivement éloignés, et certains se cachaient même sous les tables ou derrière les chaises en plastique tout en observant la scène animés d’une curiosité mal placée. Il n’y avait plus personne dans un rayon de deux mètres autour des protagonistes et ne restaient sur les grandes dalles du sol à leurs alentours que les couteaux et quelques déchets qu’on avait laissé traîner, dans sa hâte de partir. Mais le claquement avait éveillé chez certains de l’animosité. Plusieurs personnes avaient protestées devant une telle démonstration de violence et quelques rares s’étaient approchés, menaçants.
A travers ses larmes de douleur et les mèches de ses cheveux maintenant désordonnés, Mia les identifiait comme des thaumaturges. Evidemment, un rien suffisait à aviver la haine palpable qui régnait entre thaumaturges et technologues. Alors il devenait évident qu’une jeune thaumaturge frappée violemment par un technologue plus âgé suffisait à réveiller les rancoeurs si peu enfouies.

Mais ce n’était pas cela qui choquait la jeune enfant. C’était simplement le fait qu’il l’ait giflée. Et qu’il n’y était – de surcroît – pas allé de main morte. Sa joue enflammée la brûlait et la lueur avait désertée ses yeux maintenant embués de larmes. Elle sifflait de rage, haletante, et sanglotait silencieusement en serrant son ours en peluche contre sa joue. Les mèches pourpres de ses cheveux se collaient à sa peau grâce à l’eau des ses larmes et ses prunelles rougeoyantes semblaient ne plus rien exprimer qu’une profonde stupeur. Personne encore ne l’avait jamais giflée et si elle avait reçue quelques réprimandes de son frère, jamais on ne l’avait frappée si violemment.
Et à peine reprenait-elle ses esprits que son vis-à-vis s’agenouilla en face d’elle, le visage exprimant tout entier la fureur. Une demie seconde elle crut qu’il allait la tuer sur le champ, mais au lieu de ça, il lui hurla aux oreilles.

"Non mais ça va pas ?!!!! Qu'est ce qui t'a pris ?!!! On n'utilise pas ses pouvoirs comme ça ! Tu finiras au bagne, thaumaturge !"

D’autres exclamations surgirent et la plupart des thaumaturges se rapprochèrent dangereusement des deux jeunes gens, sans se rendre compte de la menace des technologues qui, maintenant, les encerclaient. Il n’y avait plus trace des employés. N’était maintenant plus qu’une spirale dont le centre aurait été Mia et son « bourreau ». Du coin de l’œil, la gamine vit le jeune homme tourner la tête vers les thaumaturges qui les entouraient et leur jeter un regard noir et dissuasif, qui ne sembla pourtant pas en affecter plus de deux ou trois. Pour la première fois, Mia ressentait une vive fierté vis-à-vis de son appartenance à cette catégorie de personne et envers ceux qui en faisait partie aussi. S’il devait y avoir violence ici, elle se jura intérieurement de ne pas être en reste. Mais pour le moment, elle ne sembla pas en très bonne posture, et elle-même n’avait que vaguement conscience de ce qu’elle pensait, alors que la stupeur se dissipait lentement pour laisser place à la colère – dévastatrice.
Une lueur de lucidité passa alors dans les yeux de son interlocuteur.

"Il est où ton frère ? Il faut que j'aille lui parler."

En un instant, tout envie de laisser éclater sa fureur quitta la fillette qui partit dans un incontrôlable fou rire. La plupart des spectateurs en furent troublés, voire indignés, tandis que d’autres ne comprenaient tout simplement pas, n’ayant pas entendu ce qu’Andriyin disait. Mais Mia, elle, avait très bien entendu et la pensée même qu’on veuille voir son frère la faisait pleurer, non plus de douleur mais de rire.
Après quelques minutes longuement employées à se calmer, la gamine reprit contenance et darda sur l’homme un regard hautain et fier.

Là où il est, tu ne le trouveras sûrement pas. Mais si tu tiens vraiment à lui parler, tu peux toujours essayer le cimetière, siffla-t-elle entre ses dents, semblant soudain beaucoup plus mature et censée qu’elle ne l’avait montré jusqu’à maintenant.

Comme à son habitude, Alix avançait d'un pas rapide dans l'une des rues les plus fréquentés et marchandes de Dégénérecense. Restaurant, magasins... c'était le seul endroit de la ville qui lui semblait encore avoir une âme, une espace de liberté malgré toutes les effigies du maire. Bien sûr cela n'avait rien à voir avec le marché noir, mais elle y retrouvait la même énergie chez les passants... Eux aussi "oubliaient" pendant quelques secondes la dictature qui les entouraient pour ne penser qu'à leur propre existence... c'était certes égoïste mais c'était encore le seul espace de liberté possible.

Et puis elle avait sans doute une autre raison d'avoir l'esprit plus léger que d'ordinaire. Elle avait rendez-vous avec Gabriel et attendait avec impatience le jeune homme. Elle lui avait donné rendez-vous par l'intermédiaire de Marc qu'elle pouvait voir dorénavant de manière régulière à son travail. Officiellement elle devait parlé à Gabriel de la résistance, officieusement c'était la meilleure excuse qu'elle ait trouvé pour le recontacter... Ils s'étaient donnés rendez-vous devant le seul macrapido de la ville, l'un des endroits les plus simples à retrouver. Alix enfin arriva devant ce pseudo-restaurant, où elle n'avait d'ailleurs jamais mis les pieds. Gabriel n'était pas encore arrivé, et comme d'habitude elle était en avance.

La porte du restaurant s'ouvrit brusquement, plusieurs personnes en sortirent vivement. Alix fut bousculée, mais n'eu même pas le temps de protester contre ce manque de correction que de nouveau, la porte se rouvrit et laissa passage à de nouvelles personnes qui avaient un comportement étrange. Cela alerta la curiosité naturelle d'Alix qui porta alors son attention sur le restaurant. Elle ne comprenait pas très bien ce qui se passait, deux personnes semblaient se faire face, et des groupes s'étaient consitutés. Thaumaturges et thecnologues évidemment... toujours la même querelle stupide...

Alix ne songea pas à intervenir tout de suite, elle n'avait pas envie de se méler sans raison à une bagarre stupide, mais lorsqu'elle observa plus attentivement la scène, elle reconnu les deux personnes qui semblaient être la source du conflit : la petite Mia et son ours Apple qu'elle avait rencontré un peu plus tôt dans le hall de la FDC et ce technologue, un peu abruti et supporter fervent du maire avec qui elle avait échangé quelques mots devant l'église du Maire.

Mia avait encore le visage baigné de larmes. Que s'était-il passé ? Pourquoi les autres clients semblaient s'impliquer ? Elle hésita à pousser la porte pour intervenir, connaissant Mia et cet Andryin... elle avait surtout peur de s'attirer encore des problèmes. Mais sa conscience la poussa ainsi que son inquiétude pour la petite fille qu'elle avait pris sous sa protection quelques minutes... Et puis comment pourrait-elle continuer à croire en la Résistance si elle même fermait les yeux sur chaque situation un peu trop effrayante ?

Elle se décida donc à intervenir, hésita une seconde à faire prévenir la police mais y renonça, cela risquait d'attirer des problèmes à Mia, ou à elle aussi... Elle prit soin de cacher correctement son pendentif de thaumaturge sous son pull et son manteau. Ne portant que des vêtements neutres comme souvent, elle pouvait intervenir sans apparaître tout de suite comme appartenant à un groupe. La neutralité est toujours la meilleure chose...

Elle entra le plus discrétement possible, il y avait un silence de mort dans la pièce, le calme avant la tempête sans aucun doute... Elle se rapprocha doucement de Mia, passant au travers d'un groupe de thaumaturge assez compact qui se retrouvait aux prises avec des technologues qui avaient le même regard hostile...

" Qu'est-ce qui se passe ? " demanda-t-elle d'une voix douce et posée. Elle s'adressait en premier à la petite qu'elle sentait de nouveau complètement perdu, mais dans le même temps, elle regardait dans les yeux Andryin pour connaitre aussi son opinion. Elle s'approcha le plus possible de la possible, prête à la protéger si les choses tournaient mal...

Que pouvait-il s'être passé pour qu'une enfant de 10 ans se retrouve aux prises avec un adolescent qui faisait le double de poid et était largement plus grand ? Cet Andryin lui avait paru un peu stupide, mais il ne l'était tout de même pas au point de s'en prendre à une petite fille... Il ne lui avait pas paru lâche, et puis il avait une petite soeur...

"Au cimetière ?"

Andriyin avait pâli un peu, se redressant oubliant un peu sa rage, troublé par la réflexion de la gamine, par son rire, par toute son attitude depuis le début. En voilà une qui était étrange ! Le jeune homme aux cheveux blanc ne savait rop quoi dire, trop quoi répondre, les bras ballants lorsqu'il vit tout doucement débarquer la fille de la place. Alors, d'un gentil, un peu inquièt et protecteur, cette fille demanda en plein milieu du silence ce qu'il se passait.

"Ce qui se passe ?! Cette morveuse a essayé de me tuer ! Voilà ce qui se passe ! Avec ça !"

Andriyin explosait littéralement. Il voulu faire glisser les couteau du bout du pied pour montrer ces preuves irréfutables à cette technologue qu'il avait vu un jour sur la place du Maire. Il ne se souvenait plus de son nom mais il était trop en colère pour s'en apercevoir, il se souvenait juste de son visage et du fait qu'il avait discuter ensemble une petite dizaine de minutes tout au plus.

Il poussa donc les couteaux acérés et pointus du pied mais, dans son emportement, il les poussa un peu trop, donnant presque un coup dedans les faisant voler un petit peu. Ils atterrirent non loin du premier cercle de gens, frôlant un homme en pleine force de l'âge, vêtu d'une veste tout à fait quelconque de la pure mode thaumaturgique.

Petit à petit autour de lui, des voix grondèrent un peu plus, laissant présager l'orage à venir.

Au cimetière ? l'entendit-elle répéter.

Mia vis son interlocuteur pâlir, troublé, et un sourire satisfait vint s'esquisser sur ses lèvres. Elle caressa tranquillement la tête de son ami en savourant la parfaite réaction qu'avait eu le jeune homme.
Elle l'avait effrayé ? Tant mieux. Plus il serait déboussolé, plus la distraction serait grande ! La gamine émit un léger ricanement avant de sursauter violement en percevant une voix qu'elle connaissait maintenant très bien.
C'était une voix douce, inquiète, protectice, rassurante. Se retournant d'un seul mouvement, laissant derrière elle son vis-à-vis pantois, elle découvrit non sans étonnement la jeune fille qu'elle avait rencontré dans le hall du grand bâtiment blanc froid et terrifiant. Rien que d'y renpenser, elle en avait des frissons. Ivre de joie, cependant, de se trouver une alliée, la fillette se jeta dans ses bras. Et à peine se trouvait-elle en sécurité entre les bras protecteur d'Alix que Mia se crispa au cri de l'homme qui avait osé porter préjudice à Apple.

"Ce qui se passe ?! Cette morveuse a essayé de me tuer ! Voilà ce qui se passe ! Avec ça !"

Il tenta d'envoyer un couteau du pied dans la direction de la jeune femme mais, dans son emportement, l'envoya carrément voler vers le premier cercle des spectateurs dont l'animosité allait crescendo. Le couteau effleura le bras d'un homme mûr et plutôt fort et de violentes exclamations rententirent tout autour des protagonistes alors que l'homme, se croyant visé, avançait, menaçant sur le technologue.
Mia, quant à elle, était absolument ravie de la tournure que prenait les choses. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas eu de distractions de ce genre et elle se réjouissait par avance. Le dernier combat auquel elle avait pris part datait de l'époque où son frère était encore en vie et où des hommes avaient débarqués à l'Université pour s'en prendre à lui, mais ses souvenirs étaient assez flous. Pensant qu'Alix partageait son ravissement face aux évènements, elle lui murmura à l'oreille :

Il a insulté Apple ! Il doit payer le prix du sang ! murmura-t-elle sans cacher sa joie. Il a voulu le manger ! Le manger ! articula-t-elle ensuite, sincèrement révulsée. Et en plus, il a voulu parler à Edward ! Fini-t-elle par lâcher, dans un rire moqueur. C'est un imbécile. Il va déclencher un combat...

La situation était plus que tendue, l'équilibre qui tenait encore les deux groupes à une sourde hostilité étaitn fragile et la moindre chose pourrait déclencher une bagarre sanglante... D'ailleurs Alix frémit à la colère de l'adolescent au cheveux blancs qui ne semblait plus vraiment capable de se maîtriser... Il hurla et surtout lança un couteau qui se rapprocha plus que dangereusement d'un thaumaturge qui pouvait prendre se prétexte pour lancer le combat... Mais rien ne vint tout de suite...

La petite Mia se réfugia soudain dans ses bras, et Alix la reçu avec surprise et un peu de raideur au début, puis elle lui caressa de nouveau les cheveux avec gentillesse pour la rassurer... Mais son mouvement cessa aux paroles de la petite... Elle savait l'enfant perturbée, mais ses paroles lui firent froid dans le dos... Elle lui faisait presque peur, comment une fillette de son âge pouvait appeller au sang ainsi ?

Que devait-elle faire ? Rassurer Mia en prenant son parti ? ou tenter de désamorcer la colère de l'adolescent en face d'elle ? Les thaumatuges vers lesquels les couteaux avaient été poussés se baissèrent et ramassèrent les ustensiles qui allaient sans aucun doute devenir des armes...

" chuut Mia, ne dis plus rien et laisse-moi faire... il ne pouvait pas savoir, et il ne fera rien à Apple rassure toi... " chuchota-t-elle d'abord à l'enfant pour la calmer. Il fallait qu'elle se taise, qu'elle n'envenime pas plus les choses...

" voyons Andryin, si je me souviens bien, vous voyez bien que ce n'est qu'une enfant... Quoi qu'elle ait pu faire, elle n'a sans aucun doute pas vraiment conscience de ce qui pouvait arriver... Ne déclenchez pas une dispute pour rien... "
Elle avait commencer sa phrase avec douceur, sans trop parler fort et s'adressant directement à celui qui était "le chef de file " improvisé des technologues... Au moindre de ses gestes, tout pouvait se déclencher... Mais sa dernière phrase fut dite avec force et conviction, pour que tout le monde l'entende... Ce n'était plus à Andryin qu'elle s'adressait, mais aux technologues et aux thaumaturges qui se regardaient avec hargne...

Le silence retomba... Elle n'entendait plus que le battement de son coeur qui s'affollait... Elle serra un peu plus Mia contre elle pour lui faire ardemment comprendre qu'elle devait se taire... Si l'enfant rajoutait quoi que ce soit, plus rien ne pourrait retenir les deux groupes ennemis... et surtout pas elle... qui venait juste d'arriver...

Pearl, ce jour-là, avait mal choisi sa tenue. C'est la reflexion qu'elle se fit en tout cas au moment où elle poussa le porte de Mc Rapido, pas très propre, puis sortit après avoir pris sa commande. Comme les beaux jours approchaient, elle avait sortit de son armoire une robe plus légère et plus vaporeuse, qui la grandissait légèrement (et surtout mettait sa taille en valeur, véritable exploit).

Elle aprochait donc des lieux du regroupement Technologue-Thaumaturge, et son irrépréssible curiosité la força à s'en mêler. De là où elle était, elle voyait la partie de Technologue de dos, et les Thaumaturges de face (ce qui était beaucoup mieux à son goût). Elle ne repéra donc pas le technologue déjà régulièrement croisé. Et comme une enfant se trouvait du côté thaumaturge, la réplique de Pearl était toute trouvée. Et beaucoup moins élégante qu'elle ne l'aurait voulu

" Dis donc, bande de lâches, depuis quand on s'en prend à plus petit que soit ?? Ah, oui, j'oubliais, vous êtes des Technologues" Mot qu'elle ajouta avec mépris et suffisance (fait exprès évidemment, elle est capable de dire "technologue" sur un ton neutre)

Là elle avait sauté dans le conflit à pieds joints et jeté un bon litre d'huile sur le feu (et pas sur celle des nouilles Smile

).
Les technologues se retournaient, hargneux et furieux, tandis que Pearl posait délicatement sur l'herbe son étole et son repas...

Allen regardait les deux groupes se faire face. D'un côté les Technologues, qui soutenaient leur délégué, et de l'autre, ces vermines de Thaumaturges...

Comment la situation avait-elle put en arriver là ?
Le medecin mangeait tranquilement un Mac Flamby en écoutant un peu de musique lorsque le petit différent entre le jeune hommet la petite fille avait prit la forme d'une tentative d'assassinat...
Jusque là rien d'anormal, mais il était déja plus rare ça aille jsuquà la guerre des ganges.

Une foule de Technologues faisait face à autant de Thaumaturge menaçants...
Allen enfila discrètement son gant noir qui, une fois connecté à son bracelet, lui permettait de controler son pouvoir d'un simple geste.
Il s'approcha ensuite de la foule et se mit entre les deux camps. Notre homme s'éclaircit la voix et leva une main pour demander un peu d'attention.

"Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs, la violence n'est pas une solution...

...Néanmoins, en cas de problèmes, évitez les reins et le coeur de vos adversaires, je vous offrirais un bon prix !"

Une fois le boulot finit, l'ambitieux medecin pouvait lui aussi aller s'amuser à casser du Thaumaturge. Il rejoignit donc les Technologues et leur délégué.
Celui-ci faisait face à la diabolique petite fille, ainsi une femme venue l'aider. Deux contre un... On reconnaissait bien ici la lacheté des Thaumaturges... Même si un technologue valait bien quatres de ces vermines à lui tout seul !
Allen se dirigea lentement vers le petit groupe et alla se mettre derrière le jeune homme pour faire face aux deux sorcières, prèt à intervenir en cas de besoin.

Il entendit une jeune Thaumaturge les provoquer, ce qui eut pour conséquence d'énerver encore un peu la foule en colère. Le seuil de rupture n'était plus très loin...
Allen la regarda et avec un sourire lui répondit.

"Tient, depuis quand les animaux comme vous savent-ils parler ? Vous pourrez peut être servir à quelque chose en fin de compte..."

Des insultes et des sifflement haineux fusèrent des rangs des Thaumaturges dans leur direction, annonçant la tempête à venir...
Le jeune médecin regarda son délégué.

"Je suis désolé... Mieux valait peut être ne pas empirer la situation... Mais laissez moi, faire, j'ai une idée pour arranger les choses !"

Avant que l'homme n'ait put dire quelque chose, Allen pencha ses deux mètres vers la petite fille, approchant son visage si près que leur nez se touchaient presque et lui dit avec un air sadique.

"Mon ami à raison, c'est vrai qu'il à l'air très apétissant ton ourson..." il releva lentement la tête vers la Thaumaturge qui la protégait "...Toi aussi d'ailleurs."

Il détailla minutieusement le corps de la jeune femme, se passant la langue sur les lèvres avec perversité.

Etaient-ils tous stupides ? Aimaient-ils tous le goût du sang et les combats à mort entre les deux communautés pour chercher ainsi à attiser le feu qui risquait de s'embrasser à chaque seconde ? Alix était furieuse... Elle ne comprenait pas, elle n'avait jamais comprit ce monde dans lequel elle vivait, cette obstination de chaque communauté à provoquer l'autre...

Ses mains se mirent à trembler... d'énervement ou de peur ? elle n'aurait pas vraiment su le distinguer tant ses émotions semblaient la sumerger. Elle n'avait pas l'habitude de ces situations aussi tendues... Et là la perspective d'un affrontement était de plus en plus probable...

L'homme, un technologue, continuait à jouer les provocateurs. Il était abject, tout en lui dégoutait la responsable de la communication. Et ce fut encore pire à sa dernière phrase, et surtout son regard pervers... C'était le genre de chose qui destabilisait la si réservée et prude Alix... Un éclair de peur passa dans son regard... puis elle reprit sur elle et tenta de contrôler son esprit affolé... Il fallait trouver une solution... Le conflit allait éclaté, c'était certain... Jamais elle ne s'était trouvé ainsi impliqué... Elle songea que son pouvoir ne pourrait pas l'aider, ni la protéger. Elle songea à la petite Mia, c'était encore une enfant, elle aussi risquait d'être blessé, d'être prise entre les deux groupes...

" La police va arrivé, je suppose que personne ici n'a envie de finir la nuit dans une salle d'interrogatoire " dit-elle assez fort pour être entendue, et de la voix la plus dur et la plus ferme possible. Ne pas montrer sa peur était la seule solution...

Puis doucement elle commença à pousser Mia vers la sortie. Ce n'était pas de la lâcheté, c'était le refus clair et nette de ne pas participer à la moindre violence... Eviter le conflit, les attaques ou les blessés à n'importe quel prix... Pour l'instant tout pouvait être encore stopper...
Elle ferma les yeux quelques secondes, espérant que son geste de recul invite chacun à abandonner cette rivalité stupide...

Elle avait peur.
Allen pouvait le sentir.
La jeune femme était réelement effrayée.
Cette odeur de sueur froide l'enivrait totalement. Au point de ne voir plus qu'elle, plus que sa peur.
Sa peur...

Il voulait jouer avec elle...

La Thaumaturge anonça que la police arriverait, et que tous ceux qui participaient au conflit finiraient en salle d'interrogatoire.
Au simple therme de Salle d'Interrogatoire, un bon nombre de Technologue et de Thraumaturges partirent en courant du restaurant. Il faut dire que les agents municipaux n'étaient pas vraiment réputés pour leur tendresse durant ces interrogations... Ce n'était pas pour rien si, après un trop grand nombre d'évanouissements, le therme "d'interrogation écrite" avait été remplaçé par "bilan de connaisance" à la nouvelle aube...

Les grondements dans les deux camps diminuèrent d'intensités, pour finirent par laisser place à des murmures affolés. Ces vermines de Thaumaturges méritaient-ils que l'on subisse ça pour eux ? Ces saletés de Technologues valaient-ils un tel sacrifice ?
Quelques irréductibles continuaient à crier, blasphémer et insulter les autres, prêt à leur sauter à la gorge, mais ils étaient maintenant une minoritié.

Mais Allen n'y pensaient plus. Ils avait totalement occulté le combat et ne voyait plus que cette femme.
La femme.
Quand il vit qu'elle voulait fuir avec la petite fille, il cria.

"NON ! Tu ne partiras pas ! Tu es à moi pour la soirée et j'ai bien l'intention d'en profiter..."

Avec un sourire, il fit un geste de la main et activa son pouvoir. La gravité exercée sur la femme et la s'accentua. Les deux Thaumaturges pesèrent bientôt le double de leur poids. Allen auraient put l'augmenter encore, mais elles étaient deux et la quantité d'énergie à fournir l'aurait totalement épuisé. Il devait donc se contenter de cette effet.
(edit ) Il songea brièvement à la petite fille .Si elle refesait son coup du lancer de couteaux, il devrait monopoliser toute son énergie pour les immobiliser au sol, et devrait relacher son emprise sur les deux femmes. Mais le jeune medecin prefera tenter le coup et parier sur le fait qu'elle serait trop effrayer pour penser à utiliser son pouvoir. La tentation de jouer avec la Thaumaturge était trop belle pour qu'il laisse passer sa chance...

Il s'approcha lentement d'elles, sans se préoccuper des deux groupes qui se faisaient face près d'eux...

Alix retenait sa respiration tandis qu'elle cherchait à se rendre vers la sortie avec Mia. Pour l'instant la situation semblait encore maîtrisable, si l'enfant ne faisait aucun geste inconsidéré et si elle se taisait, elles pourraient quitter le restaurant sans émeute... Elle ne voulait ps que le sang coule, pas de cette manière... ce serait trop stupide, pour une simple dispute...

Mais elle n'avait pas prit en compte cet homme abject. Elle pensait qu'il s'agissait d'un de ses pervers qui cherchaient simplement à effrayer par quelques mots et regards dérangeants mais rien de plus. Mais alors qu'elle tirait Mia, elle sentit comme une pesanteur sur elle, elle était subitement trop lourde pour parvenir à lever son pied et faire le moindre mouvement. Il venait d'utiliser son pouvoir sur elles, cela ne faisait aucun doute...

Les mots qu'il prononça ne firent qu'accentuer sa panique. Qu'entendait-il par " tu es à moi pour la soirée " ? Elle tâcha de contrôler sa respiration et retrouver son calme. Raisonner... réfléchir... Elle n'était pas seule contre lui, ils étaient en plein milieu d'une des rues les plus fréquentée de Dégénéréscence. Alors il ne lui ferait rien de plus à moins d'être totallement dingue et suicidaire car la police ne tarderait pas à arriver, et il ne pourrait rien faire contre eux...

Quelques personnes encore quittèrent le restaurant, la situation s'envenimant. Pour une fois, Alix souhaitait plus que tout que la police ou la FDC arrivent pour l'aider, surtout lorsque l'individu plus qu'étrange se rapprocha d'elle...

" laissez-nous partir ! " lui dit-elle d'une voix qu'elle voulait calme et posé, mais aussi ferme. Elle ne voulait pas qu'il devine combien elle était appeurée, combien il lui faisait peur... Il avait dans ses gestes, son regard une perversité qui la ferait paniqué si elle ne prenait pas autant sur elle pour garder encore son calme. Elle le devait, pour elle, et pour Mia.

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