Les yeux dans les yeux, ma camomille et moi.

Il était 6 heures environ, quand Pearl Akina Tcharitana poussa la porte de L'inner Inn, bar spécialisé en infusion de camomille [merci Jolan]. Cela tombait bien, car justement Pearl en avait envie (d'une camomille j'entends). Et comme la jeune fille se sentait d'humeur sombre et discrète, chose très rare, elle n'était pas habillée comme de coutume. Non, au lieu d'une "classique" grande-robe-tape-à-l'oiel-dans-le-sens-antique, elle avait choisi un original pantalon noir coupe tailleur et une veste longue bordée de fourrure, dont elle avait rabattue la capuche.

Elle alla posé son postérieur sur un des haut tabouret qui entourait le bar. Elle retira son manteau qui dévoilait un cache-coeur noir sur un tee-shirt de coton blanc. La Taumathurge ne prit même pas la peine de regarder qui se trouvait autour d'elle tant elle était maussade. Elle commanda sa camomille et tomba dans un demi sommeil, le regard fixé sur les nombreuses bouteilles sans alcool qui se trouvait devant elle, comme hypnotisée. elle frotta son pendentif en un geste intime et familier avant de passer la main derrière son cou pour en réajusté la chaîne. Elle souleva donc en conséquence sa longue queue de cheval qui, trop mal arrangée, montra triste mine. La jeune femme retira son élastique avec empressement tout en arrachant un paquet de cheveux emmêlés. Elle refit sa coiffure, chose facile, mouvement répété encore et encore.

Pearl fit passer ses cheveux dans l'élastique, mais étant un chouia trop petit, elle y mit plus de force. Et sa main percuta (en douceur cependant), un inconnu, sans doute son nez, qui se trouvait derrière elle.

Cet inconnu se mit a ronchonner en s'en allant précipitamment. Par contre sa protestation fit tourner la tête d'Andriyin qui se trouvait être en train d'essayer de deviner l'âge de la mouche qui trônait au fond de son verre. Andriyin tourna donc un petit peu la tête jeta distraitement un coup d'oeil sur la gamine qui se trouvait à sa gauche et regarda de nouveau l'insecte au fond de son verre.

Sûr qu'il ne pouvait s'agir que d'un accident -certe plutôt répugnant- mais il voulait croire à la bonne fois de la serveuse habituelle. D'alleurs, il leva un peu le doigt et lui demanda :

"Euh ?! Xandra ? Tu pourrais venir voir un instant, s'il te plait ?"

Il avait préféré choisir cette manière un peu plus discrète de lui montrer son verre plutôt que de gueuler à la contonnade qu'il y avait une mouche crevée dans son verre et de s'indigner. En attendant qu'elle revienne, il se mis à réfléchir sur l'inconnue qui se trouvait à côté. Bizarre... Il avait une impression de déjà-vu...

Pearl regarda d'un oeil vide le mec partir en gromelant. Bah voyons, il n'avait qu'à pas trainer derrière elle et laisser son nez trainer partout. Elle regard son dos avec mécontentement, puis son regard glissa tout naturellement vers le jeune homme assis que l'homme croisa. Elle faillit s'en décrocher la machoîre. C'était l'abruti de l'autre fois. celui au briquet.

"Euh ?! Xandra ? Tu pourrais venir voir un instant, s'il te plait ?"

Tiens, il avait appris la politesse ou quoi ? Depuis quand disait-il "les mots magiques"?
Tiens, ça lui fit penser au porte malheur qu'elle trimballait toujours avec elle pour trouver quelqu'un à qui le refiler. Elle se remit en face du comptoir et but une gorgée de la camomille chaude qui venait d'arriver. Ceci fait, elle glissa une main dans la poche de son pantalon. Bon, elle ne l'avait pas oublié. Elle eut un pincement au coeur en ce disant qu'elle allait lui rendre alors qu'il ne le méritait pas.

Parce qu'il le méritait vraiment pas. Elle repensa à sa jolie chaîne perdue et serra, revencharde, l'objet au creu de sa main au point d'en faire blanchir ses phalanges.
Bon, la politesse d'abord. Et puis, que diable, cela la rendait nettement supérieur à lui, de part sa manianimité.
Elle se stimula par ses idées, et s'en se retourner en direction du jeune homme, ellle fit glisser le briquet sur le comptoir vers l'impudent. Elle reprit en vitesse sa tasse, le regard droit devant, comme si de rien était...

Andriyin venait juste de lever le nez de son verre pour voir où en était la serveuse. Mouais... Elle pourrait se dépêcher non ? Pff ! S'il avait été la maréchale, il aurait été sur qu'elle aurait accourue au moindre regard. Quoique, à la réflexion, il ne voyait pas la maréchale venir se divertir. Et encore moins ici. Il eut soudain un gros dilemne : mais comment faisait-elle pour manger et boire avec son masque ?

Andriyin se gratta la tête en regardant les bouteilles du comptoir en face de lui d'un air vide. La question méritait réflexion. On disait que nul ne connaissait son vrai visage. Peut-être qu'elle se nourrissait par perfusion ? Ou alors qu'elle avait un pouvoir style vampire ? Elle se nourrissait de sang. Ce qui aurait expliqu" son zèle. Il eut une sueur froide.

Mais alors, la reconfiguration, c'était quoi au final ? Il baissa les yeux, posant la main sur son verre voulant se rafraichir et changer d'idée. Il leva le verre jusqu'à sa bouche avatn de se rapeller de ce qu'il y avait dedans et de le reposer. Ce faisant, il vit non loin du bock, son briquet.
Du coup, il en resta complètement bouché bée, laissant apercevoir des dents pas aussi blanches que ses cheveux et son verre restant à mi hauteur.

Ne résistant pas longtemps à la tentation, Pearl jeta un regard du coin de l'oeil vers le vilai... heu jeune homme qui restait bizarrement silencieux. Elle découvrit avec ravissement l'air totalement abruti qu'il affichait. De quoi lui remonter le moral. Visiblement il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Elle aurait pu se faire passer pour une déesse s'il avait été ventriloque et le faire marcher. Mais bon ce n'était pas le cas. Tant pis. Il allait falloir qu'elle apprenne vite fait, au cas où ou une autre occasion de se faire passer pour une divinité toute puissante se présente.

Enfin bref. Pearl Akina sourit du coin des lèvres et se racla la gorge. Elle se sentait subitement d'un optimiste à toutes épreuves. Pour une fis qu'il devait servir à quelqu'un celui-là... Elle se tourna légèrement et passa le doigt sur le bord de sa tasse en faisant des cercles (parfaits évidemment, si elle suit le bord de la tasse), comme on le fait avec un verre en cristal pour qu'il "chante". Elle fit basculer son médaillon sur le côté et sourit ironiquement.

"Tiens donc..."

Elle fixait toujours le fond de sa tasse avec une sorte de satisfaction qu'elle ne s'expliquait pas.

[tant pis pour Xandra, je craque >.<]

Andriyin était toujours bouché bée, la main en l'air, à regarder son briquet. Petit à petit, il ferma ce qui devait rester ferme et posa son verre sur le bar sans un bruit ou presque, seul un petit raclement de procelaine contre le bois retentit mais il fut submergé par les bruits des conversations diverses et de la musique.

Il lacha les doigts de la tasse pour se saisir du briquet. Ce briquet que lui avait offert son amie d'enfance, Elisabeth. Son amie, en fait, un peu plus encore, mais il cherchait toujours une solution pour le lui avouer. Il n'empêchait qu'il se saisit du briquet un peu hésitant. Etait-ce bien le même ? Oui, sans aucun doute, il reconnaissait, là, cette petite fêlure faite dans le métal qu'il avait causé en laissant tomber l'objet. Mais d'où venait-il ?

Andriyin se redressa et regarda autour de lui en commançant par sa droite. Il se tourna un peu plus pour regarder autour de lui mais ne vit rien. Angle mort. Il se décida à se retourner pour regarder de l'autre côté et passa distraitement sur la jeune thaumaturge. Avant d'y revenir quelques secondes plus tard et de s'y arrêter. Elle jouait avec son verre et le regardait.

Andriyin plissa un peu les yeux en la regardant légèrement par dessous, il fallait avouer que de nouveau, il s'était avachi. Andriyin ne reconnaissait pas la fille, il avait le souvenir d'une gamine plus jeune et pas vraiment habillée pareil. Il hésita encore un peu et demanda d'une voix ou son indécision se ressentait :

"C'est vous qui m'aviez pris ce briquet ?"

La surprise et la satisfaction étirèrent les lèvres roses et pleines de Pearl en un sourire étrange.
Satisfaction, tout d'abord, car il était hésitant et indécis. Et ça c'était tout de même bien ironique après toute la morgue et l'assurance dont il avait fait preuve lors de leur rencontre.
La surprise, ensuite, teintée d'une minuscule déception d'avoir aussi peu marqué son esprit, parce qu'il avait semblé tenir à son cher briquet et semblait plus surpris qu'heureux de le retrouver.

Pearl se tint un peu plus droite, étirant son dos et faisant jouer ses omoplate sous le tissu de ses vêtements. Elle effleura la porcelaine de sa tasse avec un air songeur. Il est vrai qu'elle n'avait pas mis de robe, mais c'était vexant que l'on ne se souvienne d'elle que par ses goûts vestimentaires.
Elle souira discrètement, s'interrogeant sur la nature de ses prochaines paroles, et choisit les plus polies et moins belliqueuse qui lui vinrent.

" Il est étrange que l'on ne se souvienne d'une personne que par les attributs qu'elle porte."

Elle effleura son pendentif. C'était sans parler de Lui bien sûr.
Pearl se retourna vers le jeune homme en s'appliquant à ne pas le regarder dans les yeux.

" C'était moi effectivement. "

En regardant sa posture, elle eut une soudaine envie de le secouer pour le dire de se tenir plus convenablement, mais elle se retint encore une fois. La bonne éducation, l'appréhension, peut-être. Mais aussi la fierté.

Elle lissa son pantalon, impeccable, sans faux plis, et s'abstint de tout autre commentaire, avant d'avoir obtenu une réponse. LEle tira sur son cache-coeur, mais sans aucune nervosité. D'une manière pensive, en fait. Finalement, l'idée de se faire passer pour la déesse des objets trouvés était une bonne idée, surtout s'il ne la reconnaissait pas. ou alors en une incarnation. Ou une prêtresse.

Andriyin s'appliqua à chercher dans sa mémoire et à faire comparaison avec la fille. La tache fut plus aisée lorsqu'elle se retourna vers lui. Andriyin la dévisagea un instant, les yeux un peu plissé, puis il annonça :

"Que par les ? Ah non non non ! T'as changé. Tu me semblais moins grosse dans mes souvenirs. Plus laide aussi, il faut l'avouer. Ces fringues là, ca te va mieux, même si t'as pris de la graisse. Bon, on peut pas faire des miracles avec ta tête mais... C'est mieux que rien, comme on dit."

Puis il porta sa tasse aux lèvres et boire une gorgée le temps d'essayer de se rapeller. Il ne se souvenait vraiment pas qu'elle fut comme ça.

Il reposa la tasse, saisit son briquet du bout des doigts, l'alluma deux trois fois et le fit claquer plussieurs fois de suite contre le comptoir. Enfin, il se retourna vers la fille, lui tendit le briquet et lui annonça :

"J'avais dit que je vous l'offrais. Je ne renie pas mes paroles. Et encore moins quand elles m'engagent auprès d'une thaumaturge. Je m'en voudrais. Elisabeth penserait pareil d'ailleurs. Reprenez le."

Termina t-il le bras toujours tendu dans sa direction, un léger sourire au lèvre, l'autre bras posé sur le comptoir soutenant son dos avachi.

Pearl, trop exaspérée et morne pour répondre verbalement aux paroles premières de l'affraux technologue, haussa un sourcil moqueur et blasé. Elle était si fatiguée qu'elle en devenait imperméable à quelques insultes qui d'ordinaire la faisait enrager. Le Technologue avait déjà eut connaissance de son point faible, et elle ne lui ferait pas l'honneur d'une action rebelote.

Par contre une joute à coup de refroidissement mineur, ça pourquoi pas ? Elle eut un fin sourire fatigué et regarda la main stupidement tendue vers elle et le briquet, source apparemment éternelle de conflit.

"En voila une belle attitude, souria-t-elle en regardant le jeune homme avachi et se redressant encore, mais vous souvenez-vous la dernière fois que vous aviez eu des paroles outrageantes et aviez tendu une main, elle a faillit ne plus jamais vous servir..."

Pearl passa une main furtive et menaçante sur son pendentif puis contempla le briquet un instant et le repoussa de deux doigts, prenant garde à ne pas même effleurer celle du technologue.

"Et puis je ne fume pas... Reprenez-le, je me moque de votre promesse ou parole, celà ne me concerne pas. Si en plus elle vous vient d'une personne chère, elle ne pourrait jamais m'appartenir..."

Elle débita ces paroles d'un ton neutre et doux (dans la tonalité, hein, pas dans l'expression, manquerai plus que ça).

Lorsqu'elle mentionna l'épisode de la glace parfum "main d'Andriyin Rickleoff", ce dernier replia immédiatement le bras, s'éloignant trop vite qui trahissait son mauvais souvenir de l'évenement malgré un visage plus ou moins impassible.

"Pourtant là, je n'avais pas de paroles "outrageantes" ou alors on n'a pas la même notion de l'outrage. Pour toi, respecter sa parole, c'est un outrage ? 'fin bon... Tant pis pour toi."

termina le délégué en reposant l'objet dans sa poche. Puis, il se redressa soudainement, comme s'il venait de se rendre copte de quelque chose. Ce qu'il venait bien de faire. Il avait rêvé ou... Il se retourna vers elle scrutant son cou. Non, il n'avait pas rêvé, elle avait bien son pendentif. Andriyin s'enquit de la chose en pointant un doigt interrogateur vers l'objet :

"Dis moi... Tu as des contacts dans l'Administration pour avoir réussi à retrouver aussi vite un pendentif ? T'as fait comment ?"

Là, c'était sûr c'était un abruti complet... S'il ne se rendait même compte de lorsqu'il était désagréable, Pearl ne pouvait rien faire pour lui, et n'en avait surtout pas envie. Elle le regarda distraitement ranger son briquet avec un calme très très très inhabituel. Tiens il se redressait à présent ? ça lui allait mieux que l'avachissement. Son attention sembla imanquablement attiré par... sa gorge ? instinctivement, elle baissa le menton pour regarder son cou, mais c'était du temps perdu que de chercher à savoir ce qui attirait son regard...

"Dis moi... Tu as des contacts dans l'Administration pour avoir réussi à retrouver aussi vite un pendentif ? T'as fait comment ?"

Tiens donc, il lui donnait une fois de plus l'occasion de mentir. Faire naître l'angoisse et l'agitation dans l'esprit du jeune homme en sous entendant des relations au-placé... Hmmm... Pas si bête...

"Peut-être... "

Elle se détourna de lui et se concentra sur sa tasse

"C'est une mauvaise idée en général que de me confier les rasions judiciaires du tourment de son esprit..."

Pearl passa encore un doigt sur son pendentif. Jusqu'à présent elle n'avait pas menti...

"Les raisons quoi ? Euh... Attends un instants s't plais..."

Andriyin se retourna et attrappa le bras d'une serveuse qui passait par là, une autre qu'à l'habitude mais tant pis. Il lui demanda prestement la même boisson en exhibant le contenu de la première sous le nez de la jeune fille. Puis ceci fait, il se retourna de nouveau vers la demoiselle.

"Tu parlais donc des raisons judiciaires des torrents de votre esprit ? J'ai une question... Peut-être indiscrète mais euh... T'es de la ville ? Parce que là, ce que tu viens de dire, c'est tout ce que tu veux sauf... Euh... Compréhensible ? A moins que tu veux faire une carrière de diseuse de bonne aventure, bien sur... Sinon, je suis prêt pour te donner des cours de langue... Après tout t'es p'te thaumaturge mais je veux bien me sacrifier..."

Termina t-il en la déshabillant du regard avec un air narquois. Il constata qu'elle était définitivement mieux dans ces habits que dans ceux qu'elle portait la dernière fois... Il se réinstalla sur son tabouret arrondissant le dos de nouveau et la main plongeant dans sa poche comme pour bien vérifier si le briquet n'avait pas été volatilisé comme auparavant. Elle savait geler sa main mais il n'avait toujours pas trouvé comment elle avait fait pour faire disparaître son briquet la dernière fois.

Pearl Akina soupira devant ce manque d'élégance et de raffinement. Dieu qu'il était bête, ou du moins il en donnait l'immpression. La jeune fille enregistra l'information. Ne pas parlez correctement à un technologue blond et bouché. PArlez dans un language simple et clair. Genre moi tarzan, toi Jane. En un peu plus évolué peut-être -quoique vu le niveau de l'individu, ce n'aurait pas été un mal que de reprendre les bases. Enfin bref, évitant de sourire sous ses suggestions spirituelles.

"Non merci ça ira..."

Elle regarda la serveuse revenir avec la boisson d'Andriyin et Pearl en profita pour lui demander une autre camomille, plus gentiment que le technologue évidemment. Elle lui sourit tandis qu'elle partait avec un air pas très content.
Elle se retourna vers le blond.

"Je suis de la ville et je connais très bien le language local, merci. Qui c'est d'ailleurs si ce n'est pas vous qui êtes à coté de la plaque ?"

Puis une image heurta son esprit un peu après que la scène ce soit produite. Il avait mit la main à sa poche. La poche de son briquet. Elle s'en amusa.

"Vous avez peur qu'il s'envole" demanda-t-elle en désignant la poche "Je peux vous assurer qu'il ne risque pas de s'échapper, en tout cas pas par ma faut, foi de Pearl."

Un sourire moqueur et enjoué s'étira sur les lèvres de Pearl Akina...

"Moi ? A côté de la plaque ?!"

Andriyin pinça les lèvres, faisant une moue un peu véxée et surprise. D'ailleurs, pour un peu il aurait sursauté en entendant ce commentaire. Il n'en revenait pas qu'on puisse penser cela. Lui qui expliquait si souvent aux nouveaux venus comment arrêter d'être à côté de la plaque ou éviter de s'enfoncer dedans pour ne pas aller rencontrer les Forces de Contrôle. Andriyin inspira avant de répondre du plus poliment qu'il put :

"Outre le fait que littéralement parlant, il ne se trouve aucune plaque dans les lieux, à part peut-être ton amie la plaque d'égoût dehors, je vois difficilement comment, en reprenant le figuré, je pourrais me trouver à côté de la plaque, comme tu dis. C'est ridicule ! Oh tiens ! Merci."

S'adressa t-il finalement à la serveuse qui revenait avec sa future consommation sur un plateau -qui n'était point une plaque. Andriyin souffla dessus pour le refroidir et en même temps vérifier que sa boisson était vierge de toutes nouvelles protéines ajoutés.

Puis il entendit le nouveau sarcasme de la thaumaturge. Fronçant les sourcils, il regarda là où elle montrait du doigt -et il ne regarda pas le doigt infirmant le célèbre adage comme quoi les imbéciles regardent le doigt du sage qui montre la lune et pas la lune elle-même. Il avait beau ne pas être des plus intelligents sauf dans ses domaines de prédilections, il y avait des limites.

Il manqua toutefois de s'étouffer de rire en entendant la dernière remarque.

"Foie de perle ? J'ignorais que les perles avaient du foie. Bon, ch'uis d'accord, j'avoue que la biologie n'est pas ma tasse de thé -même si j'en bois là mais... enfin, je connaissais pas cette expression ! Soyez certaine qu'elle va se retrouver sur l'intranet au top dix des expressions thaumaturgiques débiles de l'école. Je dois attribuer la citation à quel nom, d'ailleurs, mademoiselle ?"

termina-t-il en se retournant vers elle après avoir activé son ordinateur, près à écrire sur une page quelconque le nom de la fille, le rire toujours sur les lèvres, soulevant ses épaules. L'expression avait fait diversion, lui faisant oublier le commentaire précédent sur le briquet.

Quel humour... Enfin, il fallait dire qu'il pouvait avoir un vocabulaire bien plus élégant quand il le voulait (mais il ne le voulait que trop peu...). On lui avait déjà fait la blague à la "Perle" mais cette fois-ci Pearl ne savait pas si c'était juste qu'il était stupide ou s'il était ironique. Les évènements avait déjà prouvé qu'il pouvait être les deux... Maintenant one question subsistait. Dire ou ne pas dire son nom ? Malheureusement il s'avérait qu'il n'y avait pas d'autre échapatoire, à part peut-être sortir une absurdité genre "Anne marie marguerite de la Tour Fondue (avec le ton s'il vous plait)"... Mais l'imagination lui manquait et plus Pearl tardait plus il était évident qu'elle hésitait ou ne trouvait pas de réplique.
Elle abrégea ses réflexions et choisit la solution la moins casse tête.

"Pearl Akina Tcharitana... Il serait pourtant plus judicieux de dire que vous avez déformé mes propos et rendu comme tels. Vous venez de prouver une fois de plus qu'un seul de vos pieds n'est posé sur la "plaque", au sens figuré j'entends, puisque ma phrase n'aurait rien voulu dire, et il estrare que je ne pèse pas mes mots..."

Elle rougit un peu et son ton monta légèrement

"Et pour votre information, vous ne prononcez pas très bien mon prénom, peut-être avez vous des problèmes d'audition ? Car entre peurle et pèrle il y a un fossé..."

Puis elle se reprit et modula d'une voix plus calme

" Et d'ailleurs, de quel nom signerez vous le texte dans lequel je serai citée ?"

Code:

Perle Aquina Tcharitana.

Ses doigts avaient pianotés sur son claviers avec rapidité. Précision ? Il n'en était aucunement certain, il ne savait pas l'orthographe. Il allait le lui demander lorsqu'elle lui tendit la perche non pas pour se faire battre mais presque. La conversation avec elle avait ce petit piquant qu'il avait du mal à retrouver chez d'autres thaumaturges.

"Vous pesez vos mots ? Pourquoi ? Eux aussi doivent se mettre au régime ?"

Puis il descendit prestement de son tabouret, fit demi tour pour se mettre à ses côtés et lui montrer son écran. Il tendit le doigt vers le nom qu'il avait marqué et releva la tête à l'approche de la serveuse qui apportait la commande de la jeune fille. Andryin hésita un instant à lui payre la consommation, comme il l'aurait fait avec n'importe quelle fille technologue de son âge. Mais comme elle n'était que thaumaturge, il haussa les épaules, rebaissa la tête et repris son action. Il demanda donc d'une voix innocente :

"Je ne suis pas franchement certain de l'orthographe. Ca serait dommage de mettre un nom mal orthographié en public. Et... Entre peurle et pèrl, il y a pas mal de sonorités vous pourriez répeter ?"

Il se demanda si ces paroles pouvaient être considérées comme polie ou aimable à l'encontre d'un thaumaturge. Il se redressa donc, se tenant droit et recula d'un pas et, la regardant dans les eux, se justifia, le sourire aux lèvres, sur une voix qu'il ne réussit à rendre que mi sérieuse mi ironique :

"Juste pour savoir comment vous insulter correctement, bien entendu... A insulter sans réplique, on gagne sans gloire. Et j'aime à connaître qui me répond."

Pas de bol pour le Technologue, Pearl avait un minimum de répartie. Et suite à sa pique, elle avait la réplique bien en tête. Elle fut malheureusement interrompue par la serveuse qui lui apportait sa commande et par son interlocuteur qui s'approcha d'elle (elle dut retenir un geste pour ne pas s'écarter. Enfin ce n'était pas un pestiféré, mais un technologue ! ce qui revenait presque au même * et encore c'est pas genitl pour le pestiféré* pensa cruellement Pearl, sans être tout à fait sincère). Pearl paya sa consommation et offrit un pourboir, puis s'interressa ou fit tout comme à la conversation fortement intellectuel du jeune homme. Qui se reprit d'ailleurs, se trouvant sans doute trop peu aggressif et rajouta une petite vacherie. Mais Pearl fit mine de n'avoir rien entendu et revint sur les mots du Technologue.

" "Eux-aussi" " fit elle en resserant sa queue de cheval. "Ah ! Vous parlez sans doute de votre humour et de mes mots ? Car il aurait bien besoin de gagner en légéreté... Enfin..."

Pearl ne lui laissa pas le loisir de répondre et enchaîna

" "On gagne sans gloire " ? Vous pretendriez vous gagnant ? Les points sont partagés... Enfin, pour une fois je suis d'accord avec vos paroles, bien que cette maxime ne soit pas des plus légères..."

"Et vous l'avez effectivement mal orthographié. Pearl : P.E.A.R.L et Akina prend un K et non "qu"... Et aurai-je droit à connaître votre nom ? Vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure..."

Pearl mit une de ses mains autour de sa tasse en en mesurant la température et agita sa cuillère inutilement dans la tasse.

Andriyin regarda à nouveau l'écran de son ordinateur et corrigea les fautes. Pearl Akina Tcharitana.

"Quel nom à rallonge !"

Murmurra t-il entre ses dents en relisant ce qu'il avait écrit. Il repensa à ce qu'elle avait dit. Elle avait enchaîné tellement vite qu'il en avait oublié la moitié. Il fallait dire que cette moitié fatale avait été prononcée juste au moment où il était en train de corriger. On pouvait pas faire vingt mille chose à la fois non plus ! Qu'est ce qu'elle était casse pied ! Elle aurait pas pu atttendre qu'il ait fini ? Le jeune homme s'énervait rapidement ce soir là. Il devait avoir faim ou être fatigué. Ou les deux. Il retourna s'assir sur son tabouret, se retourna face à elle, but une gorgée de son breuvage, se redressa, la regarda dans les yeux et sourit malicieusement de laisser durer le suspense.

Allait-il lui donner satisfaction ? Il lui prenait des envies de se taire et d'ignorer complètement la question. Il rejeta soudain la tête en arrière et annonça :

"Soit ! Je suis beau prince. Je vais donc faire la lumière sur mon identité ! Andriyin Rickeloff. Délégué des technologues. La brillance de mon CV t'écorcherait les yeux si je te le montrais. Donc ! Je m'abstiens. Alors ? Heureuse de me connaître ?"

termina t-il en posant un coude sur le comptoir et en prenant un sourire type "colgate blancheur ultra express professional" Durant un instant, Andiryin esseya de se rapeller s'il s'était bien lavé les dents après la portion d'épinards du midi, histoire qu'il ne lui en reste pas un bout coincé entre les dents qui ruinerait son sourire. Il se rassénéra en se remémorant la séance brossage dans la salle de bain. Il n'avait pas senti qu'il avait magistralement posé son coude et donc sa manche de couleur blanche dans une flaque de ce qui resssemblait à du thé fortement coloré.

Andriyin Rickleoff... Bizarre ce nom. Pas du tout dans le registre de sonorité que Pearl Akina Tcharitana avait l'habitude de prononcé. Elle fit glisser le nom dans son esprit avec la satisfaction que donnent les découvertes de choses neuves.
Elle ne s'y attarda cependant pas longtemps, souhaitant continuer la conversation... hmmmm... Piquante ?

""Beau prince" ? C'est pour vous charité que de faire preuve de politesse ? Je suis cependant heureuse que vous songiez à ma santé en m'épargnant la vue de la liste de vos postes, qui j'en suis sûre dépasse la liste disons... des diverses camomilles que l'on sert ici ?"

Le fait qu'il soit délégué ne l'impressionait nullement. Elle le trouvait limite trop intelligent pour représenter les technologues, cette bande de braillards au Q.I d'huître. Et de ce fait elle ne se priva pas d'observer ironiquement

" Si je suis heureuse de vous connaître ? Humm. Je ne sais quel qualificatif utiliser pour décrire mon sentiment au mieux..."

Elle jeta un regard vers le coude d'Andriyin et eut un sourire joyeux;

"Par exemple, comment qualifieriez vous la rencontre entre votre manche et votre thé ? Du point de vue de la manche bien sûr ?"

Par charité, pour la chemsise bien sûr, elle passa un doigt sur son pendentif, prononça sa formule et gela nonchalament le thé en évitant soigneusement le coude du jeune homme et sa chemise (elle ne voulait pas à le geler une seconde fois, elle tient à son pendentif tout de même), histoire qu'elle n'asborbe pas plus de thé.

Charité que de faire preuve de politesse ? Envers les thaumaturges, oui. Mais il n'avait pas vraiment envie de s'étendre là dessus.

"Vous ne savez quel qualificatif ? Moi, je sais : sublime ! Quoique cela qualifie plus ma personne que la rencontre. Mmmh ? Et la liste de mes capacités est bien plus longue que la liste que tous ce qu'on a pu inventer pour étancher sa soif."

Il avait hésité à dire "pour se bourrer la gueule". Mais bno, la camomille ne faisait pas partie de cette catégorie de boisson. C'était bien pour cela qu'il en buvait d'ailleurs. Il ne put s'empêcher d'ajouter en faisant une pichenette dans sa direction :

"Il y en a même une, de capacité, que tu vas regretter de ne pas avoir testé jusqu'à la fin de ta vie..."

C'est alors qu'elle commença à parler de sa manche. Lui était plutôt concentré sur autre chose que sa manche qui bordait le coude sur lequel il s'appuyait. Il se sentit tout à coup glisser. Et glisser alors qu'on était assis sur un tabouret de bar n'était pas l'idéal. Par une 'savante' formule de mécanique, il aurait pu s'en problème calculer le centre de gravité du tabouret, la stabilité de ce dernier ainsi que la position d'équilibre de l'ensemble.

Il n'eut cependant pas le loisir de calculer de tête ce qu'il allait de toute façon constater de visu : il tombait. Il se sentit partir en arrière, essaya de se raccrocher mais sa main ne rencontra que de la glace figée sur le comptoir et finalement heurta le sol de son dos.

Il rouvrit les yeux, le souffle coupé, une jambe presque à la verticale appuyée sur la tabouret, les bras en croix. Il prit quelques longues secondes à reprendre son souffle et répliqua :

"Je vois que je te manque. Viens me rejoindre !"

Et il donna un coup violent sur le pied du tabouret, de façon à que celui se dérobe sous ses fesses. Elle ne portait aps autant de tissus qu'à l'habitude, elle devait glisser plus facilement et avait plus de chances de tomber elle aussi. Du moins, c'était ce qu'il espérait. Il aurait la méga honte si jamais elle ne se cassait pas la figure.

Très honnêtement, bien que culpabilisant, Pearl avait le plus grand mal à se retenir d'exploser de rire devant le piteux état du jeune homme. Elle se mordait les joues et commençait à rougir, tout en mesurant dans quelle situation catastrophique elle s'était mise. Elle qui était pleine de bonnes attentions, n'avait vriament pas prévue cette.. chute à l'histoire ! Aussi elle ne parvint pas à se retenir plus longtemps, et quelques signes caractéristiques de l'hilarité vinrent se manifester : ses épaules tressautaient légèrement et ses yeux brillaient étrangement. Elle mit précipitament une main devant sa bouche. Ses abdos (qui bien que ça ne se voyait pas étaient plutôt musclés) se contractèrent.

Soudain le technologue cria quelque chose et elle se sentit choir. Ayant besoin de sa main pour se retenir au comptoir elle la retira de sa bouche. Le résultat fut particulèrement bruyant. Elle explosa de rire de manière peu élégante. Pearl avait un rire joyeux et plein d'entrain. Mais aussi très bruyant et très communicatif. Aussi, plusieurs clients alertés par le fracas des tabourets se mirent à rire plus ou moins discrètement.

En entendant cela (Pearl pas l'hilarité, hein !), l'Hilarité de Pearl redoubla, surtout qu'elle imaginait à quel point cela devait déplaire à Andriyin. Elle voulut remettre sa main sur sa bouche, oubliant momentanément que c'était cette main précisemment qu'il la soutenait encore un peu. Elle glissa dos au comptoir, litéralement morte de rire. Elle s'essuya les yeux en riant toujours, puis voulant ne pas perdre la face elle voulut parler :

" Dis..pffff... donc c'est... mprfff... pas... pas très sympa... pfiouu... ça !"

Avez-vous déjà vu un poux ? Non ? Un poux véxé ? Pas plus ? Là, vous avez tord. Il y en avait une parfaite illustration affalée sur le sol de l'inner inn. A ce moment, Andriyin se sentait devenir aussi blême que ses cheveux étaient blancs. Lui qui était très chatouilleux se sentait enragé d'entendre tous ces rires qui se moquaient de lui et de sa position ridicule.

Surtout la thaumaturge. S'il avait mesquinement essayé de remettre les points à niveau avec le tabouret, il avait raté, et la fille gagnait sans contestation possible. Il se releva rapidement comme si cette position le brûlait. Ce que cela était d'ailleurs puisqu'il brûlait de rage et de honte. Se faire humilier ainsi ! Par une thaumaturge ! S'il partait, c'était la fin. Et il ne voyait pas trop quoi répondre dans sa rage pour laver cet affront. Il aurait été calme qu'il n'aurait pas trop vu quoi répondre non plus. Il regretta là de ne pas posséder un pouvoir plus utile et violent surtout afin de lui rabbatre le caquet par une bonne giclée de... De quoi ? Il n'avait vraiment pas l'imagination au top de sa forme dans cet état. Mais il eut une inspiration :

"Permets moi de calmer tes ardeurs à mon tour !"

S'appuyant d'une main sur le comptoir, il se contenta donc d'agir et de s'emparer d'une énorme tasse de boisson qui traînait sur le bar avant de la verser subitement sur la thaumaturge.

Pearl avait beau être pliée en deux, ses sens n'en étaient pas moins en éveil. D'ailleurs le ton rageur et revanchard du technologue ne lui échappa pas. Son fou rire se mua en une série de gloussements plus ou moins maîtrisés et elle essaya à nouveau de vaincre le mouvement convulsif de ses épaules pour essuyer les larmes joyeuses qui inondaient ses joues. Elle leva la tête, les joues rougies par l'hilarité, juste à temps pour voir la tasse planer au dessus de sa tête. Elle regarda bêtement, tout en pouffant, le contenu de la tasse valser dangereusement et comprit ce qu'Andriyin voulait faire.

Elle ne put s'empêcher d'observer le manque de réflexion du jeune homme. Il avait pourtant eu plus d'une occasion pour constater les effets de son pouvoir. Pour Pearl, la vue d'un quelconque liquide déclenchait un mécanisme instantané : toucher son pendentif, utiliser son pouvoir. Liquide, le thé l'aurait aspergé même si elle s'était écartée, solide, Pearl avait beaucoup moins de chances d'être humiliée. Cependant les quelques premières gouttes qui précédèrent la chute de l'intégralité du thé, suffire à l'extirper de l'hilarité, et la poussèrent à réagir avant que la totalité du thé ne l'éclaboussent et tachent ses vêtements.

Souplement, elle glissa sur le côté, toucha son pendentif, et le thé glaça avant de la toucher. La glace éclata sur le sol et félinement, Pearl se redressa en s'appuyant au comptoir. Elle était tout à fait dégrisée. La jeune thaumaturge fit face au délégué. Ses sourcils bruns se rejoignirent presque, tandis qu'elle s'efforçait de garder une contenance malgré les gouttelettes qui ornait telles des perles d'ambres son épaisse chevelure brune. Son ton se fit glacial et moqueur :

"Ton manque d'observation et de mémoire n'est pas vraiment à ton honneur, ni a celui des technologues, dont il me semble, tu es le délégué..."

Elle le toisa en relevant le menton et poussa la provocation un peu plus loin :

"Mais qu'importe, seuls quelques témoins sont présents. Après tout, il n'y ait qu'une partie de la population dans cette auberge, une vingtaine de personnes, peut-être plus qui ont assisté à ce spectacle..."

A entendre ces paroles, Andriyin fit une moue plus qu'effroyable. Déjà qu'il n'était pas souriant, cela devenait pire. Il sortit rageusement de sa poche un paquet de cigarette, s'en cala une dans le bec avant de l'allumer nonobstant le pannonceau qui indiquait que contrairement à certain établissements de la ville celui-ci était non-fumeur.

La situation l'énervait. Il aurait pourtant eu la réponse parfaitement adéquate pour ce genre de situation. Une réponse dans laquelle il montrait en tant que délégué qu'on pouvait craindre et qu'on devait respecter les technologues. Malheureusement, on ne frappait pas les filles. Même si elles étaient thaumaturges. Sauf cas très particuliers évidemment mais là, ce n'en était pas un.

Il jeta un coup d'oeil autour de lui, les regards convergeait vers sa personne. Il laissa échapper de la fumée entre ses lèvres. Il vit un thaumaturge ricaner bêtementà la table d'à côté. Il s'approcha de lui, s'appuyant dans une posture aggressive et lui demandant tout aussi inamicalement :

"Qu'est-ce t'as, toi ? T'as un problème ?"

L'autre hocha négativement de la tête sans un mot pendant qu'Andriyin fit demi-tour vers le bar. Il releva le tabouret du bout du pied, sans se pencher et s'assit les coudes sur le bar.

"Une bière ! Sans alcool..."

Forcément, il venait de se rendre compte qu'il avait foutu en l'air sa boisson en la faisant se transformer en glaçon. Il ne put s'empêcher de murmurer un "C'pas juste..." bougon et, finalement, céda à la tentation. Alors que depuis deux minutes, il essayait d'ignorer la gamine, il jeta un bref coup d'oeil vers elle. A tous les coups, elle en profiterait. Il arrondit le dos, les poings fermés sur ses pommettes, la clope entre les lèvres à attendre la boisson et les sarcasmes.

Un instant, Pearl crut que le technologue allait lui envoyer une tarte sur son visage délicat, voyant un muscle palpiter à sa tempe. Mais elle ne cilla pas. Cependant, elle fronça le nez quand l'odeur de la cigarette se fit sentir. Pearl avait une sainte horreur du tabac. Et puis en plus, dans le bar à camomille le tabac était tout aussi proscrit que l'était l'alcool. La jeune thaumaturge n'appréciait décidément pas ce jeune homme à l'air pédant et se croyant manifestement au-dessus de toute loi.

Lorsqu'il s'adressa au taumathurge qui riait ouvertement, son impression se renforça. Non seulement il était stupide, mais en plus il se croyait intelligent. Et fort. Pearl fronça les sourcils et fit un petit geste au taumathurge en essayant vaguement de le tranquilliser. Son geste resta sans retour. Le taumathurge avait déjà filé. *Mauviette*.

Une fois qu'Andriyin fut assis, Pearl l'imita. Elle ne tenait pas vraiment à rester plantée comme un cigare pendant que Môsieur sirotait sa bière. Elle s'assit et lissa les plis de son pantalon. Sa robe lui manquait. Elle rajusta sa queue de cheval. Ses cheveux bruns, même relevés lui tombaient en dessous de la taille. Malgré moult contrariétés, Pearl ne put se retenir de sourire. Le technologue avait le comportement d'un gamin de cinq ans. Il boudait. Le regard de la jeune grecque s'illumina de paillettes joyeuses. Elle se mordit l'intérieur des joues pour ne pas pouffer.

La bouderie était pitoyable. La jeune femme pinça les lèvres pour ne pas rire. Il ne voulait pas la regarder. Pfffff... Il ne put s'en empêcher longtemps, sans doute parce qu'il sentait le regard de Pearl perçant sur son visage. La remarque fut de trop et Pearl laissa échapper un minuscule éclat de rire, et ce fut d'une voix très joyeuse, ironiquement compatissante, qu'elle répliqua, reprenant le vouvoiement :

"Allons, allons... Il ne faut pas s'en faire pour si peu... Enfin, ce n'est pas moi qui vais disserter sur l'injustice de se bas monde... Mais je pense que vous n'êtes pas le plus à plaindre, si ?"