Devant le palais de "justice"

Une jeune thaumaturge déambulait dans la ville sans but précis. Sans autre but précis que celui de reconnaître la ville. Cette thaumaturge était jeune. Non pas par l'âge puisque qu'elle avait déjà vécu plus de trois décennies mais par le temps qu'elle avait passé dans la ville. Les souvenirs de sa vie avant étaient encore vifs. Cela se voyait sur son visage : un nuage d'ombre et de mélancolie restaient ancrés sur son visage sans défauts.

Elle marchait encore se heurtant à quelques personnes dans la foule dense. Puis cherchant à trouver un coin un plus calme, elle tourna dans une ruelle sombre. Après quelques rues, elle tomba devant un grand bâtiment. La place qui se trouvait devant était clairsemée. Il y avaient quelques policiers, deux ou trois membres de la fdc mais on pouvait marcher sans se cogner à quiconque.

Le nez en l'air, la bouche presque bée, elle s'approcha de ce bâtiment grandiose. Grandiose mais il avait quelque chose de bizarre. Elle vit comme partout le portrait du Maire et dans ses yeux, par dessus la surprise et la mélancolie on pu voir la haine et la fierté. Elle respira profondément. Il fallait tout savoir. Elle n'était restée que trop longtemps déjà. Elle regarda autour d'elle. Histoire de ne pas avoir à discuter ni avec la police ni avec l'autre police, la politique.

Elle n'avait pas envie de se diriger vers un passant pour une énième fois. Elle se tenait légèrement déhanché, une main rabatant sa cape, l'autre posée sur sa hanche. Elle regardait les gens dans les yeux tour à tour espérant qu'un ait l'envie de venir lui parler.

Gabriel venait de sortir de chez lui.
D'horribles cauchemars s'étaient encore emparés de lui.
Il lui était impossible de faire des nuits entières depuis fort longtemps, et malgré cela il n'avait jamais réussit à passer outre.
Toujours est il qu'il était sorti comme à son habitude au lever du jour, au moment de la journée où les rues sont presque désertes, seuls quelques passant et des policiers zélés.
Il était vêtu d'un jean noir et d'une veste par dessus un petit t-shirt pour parer le frais matinal.

Il prit plusieurs ruelles, un peu comateux il prit l'itinéraire habituel, c'est à dire par le palais de justice.
Il acheta un en cas en guise de petit déjeuner dans un kiosque près de la place puis commença à se diriger vers les marches du palais de justice pour s'y assoir.
Quelques technologues passaient furtivement, près à aller au boulot ainsi que deux thaumaturges.
Mais c'est une en particulier qui attira son attention.
Elle se tenait là, inerte, en plein milieu de la place.
Il croqua dans sa pâtisserie et hésita à avancer vers elle.
Il ne savait pas trop pourquoi mais son inconscient le poussait vers elle, se disant qu'elle avait l'air perdue.
Il ne voyait que le bout de son menton, cachée par un capuchon.
Plus il s'avançait plus il guettait d'un œil les policiers.
Il était tout prêt d'elle, hésitant, et c'est alors que son regard croisa enfin le sien.
Hésitant il se décida à lui parler d'une voix douce à la fois pour le pas la déranger mais surtout pour ne pas se faire entendre.

"....belle journée n'est-ce pas ?"

Son teint vira net à l'écarlate.
Il se tenait à quelques centimètres devant elle, tenant fébrilement sa pâtisserie.

*Non mais quel abruti "belle journée".
Je risque de me faire fusiller par la police et qu'est ce que je trouve à dire...?*

*Enfin ! Il en a fallu du temps !*

Elle leva les yeux vers lui et recula légèrement la tête en le voyant. Il tenait une de ces friandises qu'elle avait bannie depuis longtemps de son alimentation et il semblait d'une couleur étrange. Mais un sourire pointa sur ses lèvres quand elle comprit pourquoi.

Elle se retourna un peu plus vers lui et d'une voix qui ne put cacher sa tristesse latente elle lui répondit :

"Une bonne journée ? Si vous voulez parler du temps, oui, bien sûr ! Un peu frois peut-être. Si vous voulez parler du reste."

Elle s'arrêta là brusquement. Il fallait se méfier ici. Il y avait des yeux et des oreilles partout dans ce pays. Elle préféra faire diversion et avec un petit rire cristallin et plein de naïveté, elle tendit son doigt vers le coin de ses lèvres recouvertes d'un rouge à lèvre flamboyant et dit :

"Excusez moi mais vous avez une miette, là."

La jeune femme fort heureusement lui répondit.
Après tout il aurait pu passer encore plus pour un imbécile si elle l'avait ignoré.
Elle lui répondit cependant d'un ton froid et ne termina pas sa phrase.
Encore une personne pas normale dans ce monde.
Des fois il se demandait à quoi bon espérer encore. Pourquoi ne pas en finir dessuite avec cette vie sans but et sans espoirs.
Elle lui fit alors remarquer qu'il avait des miettes sur la commissure de la lèvre. Il s'essuya maladroitement du revers de la main et se redressa un peu.
Sa peau avait regagné son teint originel et il la regarda avec plus d'insistance cette fois-ci.

"Vous en voulez ?"

Demanda t-il pour continuer la conversation. Elle avait l'air gelée mais il n'osait pas trop la regarder de la tête au pied de peur d'être interpelé.

"Vous êtes sure que ça va ?"

"NON !"

Gianna avait crié sans pouvoir se contrôler. Autour d'eux, quelques personnes s'étaient tournées vers eux dont quelque représentant des forces de l'ordre. Elle regarda ses pieds et repris sa respiration et un sourire colgate shine. Elle redressa ensuite la tête. Un peu trop brusquement : son capuchon tomba, révélant son visage aux pâles lueurs du jour. Elle ferma les yeux lentement, les rouvrit et répondit d'une voix enchanteresse :

"Je vous remercie de votre générosité, monsieur. Mais voilà bien longtemps que je n'en mange plus. Mon... Euh, pour des raisons de santé, mon médecin me l'a interdit."

Excuse classique, on ne la voyait pourtant pas sujette au diabète. Mais invoquer des raisons de santé fais moins tarte -justement- qu'invoquer des raisons de beauté. Elle cacha sa bouche derrière sa main à la question suivante.

*Voilà le rôle de ta vie ma fille. Ne joue pas faux. Tu as été trop vive. Calme toi.*

Elle répondit cependant trop vite :

"Oui. Merci. Je vais bien. Mais euh... Comment dire..."

Elle n'osait pas poser cette question. Elle s'arrêta un peu balbutiante.

"NON!" s'écria t-elle.

Gabriel n'avait pas terminé sa question qu'elle le violenta.
Il fit un bond de quelques centimètres en arrière.

*Dans quoi je me suis fourré encore ?!
Ça m'apprendra à vouloir aider les gens.*

Elle était donc malade ? Et pas que mentalement apparemment...
Cette fille était vraiment étrange, elle lui fichu encore plus la frousse lorsque sa capuche glissa de sa tête, dévoilant son teint infiniment pâle. Etais-ce naturel ou allait-elle lui claquer dans les mains ?

"Comment dire...quoi ? Dîtes moi."

La questionna t-il, impatient d'en finir avec cette discussion étrange. Surtout que quelques flics les avaient repérés.
Il avala le gros morceau restant de sa pâtisserie de peur qu'elle ne l'étrangle à sa vue.

*Mais que je suis bête ! Pourquoi aurais-je peur de demander quelque chose d'aussi stupide. On ne va pas me tuer pour cela ! Enfin, ma fille, réfléchis un peu*

"Et bien, en fait, monsieur, je vais plutôt vous poser une autre question. Si ca ne vous dérange pas, bien entendu."

Elle manqua de faire un clin d'oeil entendu mais se retint. Non. Pas maintenant. Il semblait qu'elle l'ait effrayé en poussant ce cri du coeur. Ce n'était pas le moment de le faire fuir. En plus, cela aurait pu lui faire deviner-elle ne savait en aucun cas comment mais elle le sentait- qu'elle n'avait eu aucune autre question. Mais demander un machin si banal n'aurait pas paru sérieux. Déjà qu'elle devait avoir eu l'air gourde jusqu'à maintenant. Ce n'était pas comme ça qu'elle allait s'en sortir.

"Dites moi, quel est ce bâtiment derrière vous ? Je suis arrivée par hasard ici et je ne l'avais jamais vu avant."

Cette fille était décidément à chaque fois un peu plus étrange.
Il se demanda si c'était simplement le fait qu'elle ne soit pas Technologue ou que c'était naturel chez elle.
Elle avait l'air complètement paumée et déphasée et elle lui demanda quel était le bâtiment qui se trouvait derrière eux.
il se retourna alors et le désigna du doigt.

"Ça ?
C'est le Palais de justice.
Vous n'êtes pas d'ici ?"

Demanda t-il de plus en plus intrigué.
Un des deux policier avait fait quelques pas en avant vers eux et les guettait.

"Euh dîtes, vous voulez pas qu'on s'éloigne un peu, ces deux flics on l'air de nous identifier."

"QUOI ? De la justice, ICI ? Mais ils ont jamais dû ouvrir un bouquin de loi ! Et la police me faîtes pas croire qu? Si je suis d'ici ? Euhhh, non, je, enfin maintenant si mais non, mais pas depuis longtemps."

Intérieurement, elle se maudit et elle se mordit la lèvre.

*Mais tais toi ! Ou alors tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler ! Tu ne sais pas qui c'est ! N'oublie ce qu'on t'a dit ! S'il y a une police politique, c'est pas pour rien ! *

Mais il interrompit ses pensées.

"La police ? Nous identifier ? Mais..."

Elle se retourna et regarda le policier qui se trouvait non loin. Elle pivota une nouvelle fois et dévisagea son interlocuteur.

"J'ai tourné assez de policiers pour savoir que si on s'en va maintenant,on va être encore plus suspect. Continuons à discuter encore un instant, s'il ne s'en va pas, j'ai une méthode infaillible. Dites moi plutôt en quoi et comment ils pourraient nous identifier. Et à quoi cela nous porterait préjudice."

"QUOI ? De la justice, ICI ?"

Sans s'y attendre la jeune femme recommença à s'exciter. Elle se rebella contre la justice. Il espérait seulement que l'on ne l'ai pas entendue, sinon ils risquaient cher. Comme s'il n'avait pas passé une assez mauvaise nuit comme ça pour qu'il se retrouve brouillé avec la police.
Gabriel tenta de s'écarter un peu d'elle de sorte à qu'on ne le mêle pas à cette affaire mais c'était trop tard, les policiers avançaient déjà.
Apparemment elle n'avait pas conscience de l'incidence que pouvaient avoir ses paroles.
Il la poussa un peu vers l'extérieur de la place et répondit tout en marchant lentement pour ne pas alerter les forces de l'ordre.

"Oui mais mieux vaux ne pas rester ici plus longtemps.
On va se faire embarquer avec vos conneries.
Cachez vos bras, ils auront plus de mal à vous identifier. Surtout si ils se rendent compte que l'on est pas du même bord.
On peut aller chez moi si vous voulez, je suis à 5 minutes. Je vais vous expliquer, mais ici c'est trop risqué."

Il commença à prendre la direction de son appartement, attendant sa réponse.
Si elle refusait il mettrait court à la discussion, il était déjà assez soupçonné comme ça d'infidélité au Maire.

"Bon vous venez ?"

Demanda t-il impatient de quitter cet endroit.
Pas mal de monde était sorti de chez eux depuis, la matinée s'entamait comme chaque jour et bientôt il y aurait encore plus de policiers devant le palais.

"Mes conneries ? Merciiiii."

Gianna se retourna vers les policiers qui s'avancaient.

*Effectivement, j'ai fait une belle bêtise.*

Comme le type à la patisserie le lui avait dit, elle venait de cacher ses bras sous sa cape.

*Mais pourquoi ?*
"Attendez un instant, j'ai une idée pour faire diversion."

Elle venait d'apercevoir derrière les policiers deux groupes de personnes qui marchaient l'un vers l'autre. Au vu de leurs habits, il étaient de chaque bord. Il y aurait pu avoir un chance pour qu'ils se croisent sans incident. Mais savoir manipuler la chance était vraiment pratique. Le don au delà de la malédiction. Au moment où les groupes se croisèrent, elle murmurra :

"C'est trop chou."

Et il advint ce qu'elle avait voulu. Les deux groupes commencèrent à se disputer violemment. Elle ne savait pas qu'elle serait la réaction des policiers mais s'ils étaient normalement constitués pour leur job, ils iraient les calmer avant de s'interresser de nouveau à eux deux. Elle se retourna vers le jeune homme :

"Je vous suis."

"Attendez un instant, j'ai une idée pour faire diversion."

Il attendit donc qu'elle rabaisse sagement ses manches et regarda en direction du groupe de Thaumaturges et de technologues qui allaient se croiser. C'est alors qu'un technologue flanqua un bon crochet du droit dans le nez d'un Thaumaturge. En moins de deux secondes se fut le chaos, la police s'en mêla. Les coups de sifflets, de matraques électriques et de poings n'y allaient pas de main morte.

Il ne savait pas comment elle avait pu faire ça mais l'heure était pour le moment de partir de cette place.

"Faudra que vous m'expliquiez comment vous avez fait !'

[ chez Gabriel]